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[Compte-rendu] Rapport de la commission d’enquête relative aux violences sexistes et sexuelles commises dans le secteur culturel

Ce mercredi 9 avril 2025, la commission d’enquête présidée par Sandrine Rousseau a publié son rapport sur les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. De nombreux témoignages poignants ont été recueillis et partagés, démontrant la nécessité de mieux prendre en compte les VSS, de prendre en charge les victimes, ainsi que de renforcer les réglementations et les dispositifs, afin de protéger les femmes et les mineur·es dans ce secteur.

Dans ce rapport, la commission d’enquête constate que “les violences morales, sexistes et sexuelles dans le monde de la culture sont systémiques, endémiques et persistantes.” En effet, il est expliqué que “dès l’école de théâtre, de radio ou de cinéma, on apprend aux jeunes – en particulier aux jeunes femmes –, ce qui les attend. On les y prépare d’ailleurs psychologiquement en perpétuant des techniques d’apprentissage dépassées, fondées sur une forme de maltraitance, morale ou physique dans le cas de la danse : c’est dans la douleur que l’on apprend.” La violence et la souffrance sont normalisées, et sont même idéalisées comme l’a expliqué l’actrice Anna Mouglalis lors de son audition : “souvent, les metteurs en scène cherchent chez les actrices ce que j’appelle une vulnérabilité charismatique. C’est une fragilité qui s’exprime même dans le silence. Elle est particulièrement sensible chez les survivantes – d’inceste, de viol. Cela explique que nous soyons très nombreuses à vivre ce continuum”.

La commission d’enquête fait part également de quelques statistiques de l’étude intitulée “Vécu et ressenti en matière de sécurité” (VRS). Nous y apprenons qu’en 2022 :

  • 54 000 femmes auraient été victimes de viol
  • 72 000 auraient été la cible d’une tentative de viol
  • 191 000 agressions sexuelles
  • 230 000 femmes auraient été victimes d’au moins une violence sexuelle physique durant l’année, au total”
  • “On estime à 1 million le nombre de cas de harcèlement sexuel visant des femmes durant l’année, contre 158 000 cas visant des hommes”.

Dans ce rapport, nous pouvons aussi retenir certaines citations accablantes provenant de récits anonymisés de victimes de VSS dans le secteur culturel : le harcèlement, ça n’existe pas, c’est comme MeToo, c’est un effet de mode”, tu ressembles à une actrice porno […] assise comme ça au milieu de la pièce, tu pourrais te faire gangbang par tout le monde ou encore tu as mouillé ta culotte avant de monter sur scène ?”. Malheureusement, les témoignages ne se résument pas qu’à ces derniers, les violences commises sont beaucoup trop nombreuses.

La commission constate également la situation alarmante concernant les violences fréquentes sur les mineur·es dans la culture. Parmi l’immense liste de témoignages, il y a le récit sur un “professeur de danse qui exige d’une enfant de 11 ans qu’elle ‘force’ la cambrure de ses pieds, jusqu’à les briser sous une armoire”, celui sur une “réalisatrice qui baisse de force le pantalon d’un enfant qui refuse de tourner en sous‑vêtements” mais aussi “cette réalisatrice qui rappelle à un enfant le décès de son père pour le mettre en condition avant une scène”, celui sur un “directeur de casting qui demande à une enfant de 13 ans de retirer sa culotte pour la faire tournoyer dans les airs” ou encore sur un “régisseur qui déclare à une actrice de 15 ans qu’il veut ‘lui faire l’amour dans les fesses”, et bien d’autres encore.

Dans ce rapport, la présidente de la commission d’enquête rappelle alors que “l’exception culturelle s’arrête là où le droit du travail commence et que l’art ou le talent ne pourront jamais excuser la commission de violences relevant du code pénal.” Il faut responsabiliser tous·tes les professionnel·les et les employeur·euses, afin de prévenir les VSS et d’assurer la sécurité de tous·tes.

L’audition du Mouvement HF+.

Pour la réalisation de ce rapport, la commission d’enquête a organisé 85 auditions et tables rondes, ce qui correspond à plus de 118 heures d’échanges. Parmi les 350 professionnel·les qui y ont participé, le Mouvement HF+ avec la représentante de l’assemblée collégiale de la fédération, Sarah Karlikow, ainsi que la représentante d’HF+ Hauts-de-France, Camille Pawlotsky

Ainsi, le Mouvement HF+ et HF+ Hauts-de-France ont participé à une audition avec d’autres associations et collectifs. Dans cette audition, la problématique de l’invisibilisation des femmes dans la culture a été présentée. En effet, ce déséquilibre, cette invisibilisation provoque des violences, comme l’a expliqué la représentante Camille Pawlotsky : “Invisibiliser un groupe de personnes, des individus ou des groupes, et valoriser la force représentative des dominants a une conséquence directe sur la répartition des pouvoirs. […] Lorsque l’on invisibilise les autres, ils deviennent des personnages secondaires, des personnes jugées indignes d’être valorisées […]. Si leur valeur est perçue comme mineure, elles deviennent des objets de possession, de violence, de manipulation, et subissent une répartition inégale des pouvoirs.” Sarah Karlikow a appuyé ses propos en ajoutant : “L’invisibilisation constitue également une forme de violence. Lorsqu’une femme crée une œuvre, réalise ou co-met en scène, et que seules les contributions masculines sont mises en avant dans les communications, c’est une violence en soi.

Elles ont notamment été entendues sur les ressorts de la minimisation des violences. En effet, les agressions sexuelles sont minimisées, elles ne sont pas assez prises au sérieux comme le témoigne Sarah Karlikow on accorde une grande attention aux blessures physiques, mais les agressions sexuelles sont minimisées, probablement en raison de notre société patriarcale. Les victimes finissent par elles aussi minimiser ce qu’elles ont subi, causé par “une certaine tolérance de la société à l’égard des violences.” Elles se pensent “chanceuses” de ne pas avoir subi “plus”, comme l’indique le rapport : “Très souvent, le premier mouvement de la victime est de considérer qu’elle a ‘de la chance’ d’être ‘seulement’ agressée et non pas violée.” Une animatrice radio témoigne de cet exact ressenti : “J’ai attendu presque deux ans avant de me décider à déposer plainte au commissariat. Je me disais que ce que j’avais vécu n’était pas si grave, que des femmes vivaient des choses bien pires et qu’on n’allait pas porter plainte juste pour une agression sexuelle.

Les facteurs de risque propices aux violences morales, sexistes et sexuelles.

Lors de la commission d’enquête, certains facteurs contribuant à la continuité des VSS ont été observés et cités. Parmi eux, nous pouvons notamment évoquer  :

  • La précarité

En effet, la situation fragile de certaines personnes, l’incertitude, l’instabilité professionnelle jouent un rôle sur le risque des violences morales, sexistes et sexuelles dans ces secteurs d’activité. Selon la vice-présidente de la Guilde des scénaristes, Ghislaine Pujol, la précarité est “un accélérateur d’agression car elle empêche les plaintes”. Les personnes les plus affectées par ce facteur seraient les jeunes puisqu’iels débutent dans le monde professionnel et font donc partis des plus précaires, comme il est souligné dans le rapport : “Les jeunes sont particulièrement sujets aux abus en tout genre, car ils font partie des personnes les plus précaires, ayant beaucoup à perdre s’ils refusent les propositions indécentes ou dénoncent les agressions qu’ils subissent.” De cette façon, “la crainte est forte, notamment pour les jeunes débutant dans le métier, de témoigner contre des personnes susceptibles de continuer à les faire travailler, ou de se créer la réputation de ‘faire des histoires’”. Selon les propos de Mélodie Molinaro, fondatrice et présidente de l’association Derrière le Rideau, la précarité a un rôle non-négligeable car elle joue une pression supplémentaire, poussant les victimes et témoins à garder le silence : “Qu’il s’agisse d’intermittents ou de salariés en contrats courts ne change rien : on nous répète à longueur de journée qu’on peut être remplacé si on n’accepte pas tout ce qu’on nous demande. Dans ce milieu, la précarité joue un rôle très important”.

  • La hiérarchie

La hiérarchie dans ces secteurs d’activité est également un facteur de risque, puisqu’avec la hiérarchie viennent aussi les rapports de force et les abus de pouvoir. Les personnes ayant une fonction plus haute peuvent exercer une autorité morale sur celles situées à des échelons inférieurs. De cette façon, “une organisation aussi hiérarchisée est un terreau rendant possibles des rapports de force et de domination, par conséquent des abus.” Le rapport souligne également que “la hiérarchie rigide va de pair avec la survalorisation de certaines fonctions, notamment celle du réalisateur, et la dévalorisation d’autres, par exemple les maquilleuses.” Les personnes abusives “disposent toujours d’un pouvoir ou d’une autorité sur les victimes”.

  • L’idéalisation de la figure du génie créateur, l’aura artistique

Dans la culture occidentale, la figure du génie créateur est idéalisée, on lui voue une grande admiration. Comme il est mentionné dans le rapport, “la valorisation du cinéaste-auteur lui confère la toute-puissance sur un plateau.” Le génie créateur et l’aura artistique sont donc mis sur un piédestal, et puisque sa création est sacrée : il faut tout sacrifier pour son profit, il faut se soumettre au génie créateur. Comme nous avons pu le voir dans le témoignage de l’actrice Anna Mouglalis, la souffrance est perçue comme une caractéristique nécessaire dans la conception artistique, elle est célébrée comme mentionné dans le rapport : “Cette conception a contribué à propager l’idée selon laquelle la douleur est une composante essentielle d’une créativité exceptionnelle.” Il faut se conformer à la volonté de l’auteur et de sa vision artistique. “De là également l’idée que, si les artistes avec lesquels le réalisateur travaille sont déjà abîmés, fêlés, c’est encore mieux, car cette blessure constitue un point d’entrée, une porte ouverte vers quelque chose d’authentique.” De cette manière, ils cherchent à “exploiter les failles des personnes travaillant sous leur autorité” et de là viennent les abus sous couvert de création artistique.

  • Absence de respect des conditions d’emploi des mineur·es

L’une des premières problématiques quant à l’absence de respect des conditions d’emploi des mineur·es, est celle des horaires de travail. En effet, il y a “un dépassement régulier du temps de travail légal pour les enfants” et il n’y a aucun contrôle derrière. Des feuilles de services sont falsifiées, on demande à des personnes exerçant comme scripte (comme dans le cinéma et audiovisuel) de tricher sur les horaires car les heures sont toujours dépassées. Or, les scriptes doivent rédiger des rapports quotidiennement, y compris sur les horaires, comme l’a témoigné une des personnes exerçant cette profession. Elle a également précisé que ces rapports sont censés faire preuve en cas de problème.

Il y a également la problématique concernant les situations à risques dans l’emploi des mineur·es. En effet, comme indiqué dans le rapport : “Dans de trop nombreux cas, il apparaît que des mineurs sont placés dans des situations à risque, notamment dans des scènes sexualisées.” Les mineur·es ne sont pas non plus entouré·es par des professionnel·les spécialisé·es, on ne leur procure aucune précaution, ce qui peut être un danger pour leur santé mentale et/ou physique, comme en a témoigné l’actrice Nina Meurisse, qui avait 10 ans lors au moment des faits : “Dans ce film, il y a une scène de viol. Je demande qui va jouer l’homme, et on me répond que la réalisatrice ne veut pas que je le rencontre avant. Je ne comprends pas pourquoi, mais apparemment ce sera mieux pour la scène… On m’explique que je dois marcher et qu’il me collera contre un arbre ; ce sera très simple. Silence, moteur, ça tourne ! Je vois arriver en courant un jeune acteur, qui me saute dessus, qui me prend la poitrine et qui essaie de me soulever la robe. On refera la scène plusieurs fois. J’ai donc 10 ans, je n’ai même jamais embrassé un garçon, je suis tétanisée.” On les manipule, on abuse de leur innocence, de leur angoisse et de leur détresse.

Les recommandations proposées dans le rapport par la commission d’enquête.

Pour la réalisation de ce rapport, la commission d’enquête a organisé 85 auditions et tables rondes, ce qui correspond à plus de 118 heures d’échanges. À l’issue de la commission, 86 recommandations ont été prononcées, voici quelques propositions formulées dans le rapport :

  • “Développer les actions de soutien à la création en direction des femmes.” (Recommandation n° 2)
  • “Poser le principe d’une interdiction de la sexualisation des mineurs à l’écran et dans les photos de mode, et définir une liste d’exceptions très limitatives.” (Recommandation n° 8)
  • “Accroître les moyens de la cellule Audiens pour élargir son périmètre afin qu’elle prenne en charge la totalité des violences, y compris les violences morales, élargir ses horaires et renforcer ses missions d’aide juridique et psychologique.” (Recommandation n° 10) 
  • Former l’ensemble des agents de sécurité placés au contact du public au risque de VHSS.” (Recommandation n° 15)
  • “Organiser régulièrement des contrôles des productions employant des enfants pour vérifier le respect des règles légales en matière de temps et de conditions de travail.” (Recommandation n° 17)
  • “Lancer un vaste plan de lutte contre les violences pédagogiques incluant tous les établissements et toutes les disciplines.” (Recommandation n° 26)
  • Rendre systématique le déclenchement d’une enquête et la réalisation d’actes d’investigation en cas de dépôt de plainte pour des faits de VHSS.” (Recommandation n° 32)
  • Rendre obligatoire la conduite d’enquêtes internes en cas de signalement de VHSS, y compris lorsque la relation de travail a pris fin.” (Recommandation n° 37)
  • “Inscrire dans tous les contrats de travail une clause interdisant toute sanction financière, retenue sur salaire ou demande de dommages et intérêts en cas de signalement de faits de VHSS.” (Recommandation n° 42)
  • Rendre obligatoire la présence du représentant légal d’un enfant de moins de 7 ans lors d’un casting, d’un tournage ou d’une représentation.” (Recommandation n° 75 )
  • Étendre l’obligation de présence d’un responsable enfant au spectacle vivant et au mannequinat.” (Recommandation n° 83)

Pour retrouver l’ensemble du rapport d’enquête sur les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, cliquez ici.

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[BIENTÔT] Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture en Normandie | Édition 2025 – Données 2023

Observatoire de l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture en Normandie 
Nouvelle édition à paraître le 18 novembre !

Chaque année, depuis 2021, HF+ Normandie publie une nouvelle édition de l’Observatoire de l’égalité dans les structures culturelles de Normandie afin d’évaluer les différentes évolutions en matière d’égalité entre les femmes et les hommes dans le milieu des arts et de la culture sur le territoire. Chaque nouvelle édition permet d’élargir le périmètre étudié et de prendre en compte un plus grand nombre de structures et d’indicateurs afin que les inégalités soient retranscrites de la manière la plus précise possible. [Consulter l’édition 2024].

L’étude 2025 sortira le mardi 18 novembre 2025. Elle portera sur les données 2023 et comportera un état des lieux des actions mises en place en région pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans notre secteur. Afin de réaliser cet état des lieux, HF+ Normandie mène actuellement un travail d’enquête composé d’un questionnaire à l’attention de l’ensemble des structures culturelles et d’entretiens individuels auprès de professionnel·les de la région. Pour nous accompagner dans cette démarche, vous avez jusqu’au 31 mai pour le compléter et le partager largement à l’ensemble des structures culturelles de la région !

 Completez le questionnaire

[Save the date] 
Les résultats de cette enquête seront présentés le mardi 18 novembre à Rouen dans le cadre d’une journée d’information dédiée aux violences sexistes et sexuelles dans le secteur culturel

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PACTE pour l’égalité de genre dans les musiques actuelles en Normandie

S’il est indéniable que la prise de conscience collective est en marche, les évolutions en matière d’égalité dans le secteur de la musique sont trop lentes et les résultats trop fragiles. Pour que l’égalité devienne une réalité et non plus une thématique, un changement de fond est donc indispensable : de la programmation à la juste répartition des moyens alloués en passant par la sécurisation des parcours professionnels et l’organisation interne des structures.

Ainsi, afin d’agir collectivement et individuellement, NORMA et HF+Normandie ont lancé en 2024, une dynamique collective pour élaborer le PACTE pour l’égalité de genre dans les musiques actuelles en Normandie.

19 structures (31 professionnel·les) de l’ensemble du territoire se sont engagé·es pour rédiger ensemble cette première version du PACTE.

Le PACTE s’adresse à l’ensemble de l’écosystème des musiques actuelles normand : artistes, structures d’accompagnement, de production et de diffusion, festival, médias de toutes dimensions. C’est un outil collaboratif et solidaire qui doit permettre à chacune de s’engager en fonction de ses moyens (humains ou financiers) pour atteindre l’égalité réelle dans le secteur.

Son objectif est d’accompagner la généralisation et la structuration au niveau régional de la lutte contre les inégalités de genre et les violences sexistes et sexuelles, en favorisant la coopération entre les structures, en créant et mutualisant des ressources.

C’est un outil évolutif dont la solidarité et le partage de ressources entre pairs sont les piliers.

Dans le cadre de la coopération interrégionale entre les collectifs du Mouvement HF+ agissant pour l’égalité réelle dans les arts et la culture, ce PACTE a été conçu sur le modèle du « PACTE pour l’égalité de genre dans les musiques actuelles en Bretagne porté par HF+ Bretagne et Stourm »

le PACTE a été présenté à l’occasion des rencontres professionnelles annuelles des musiques actuelles en Normandie organisées le mardi 27 mai 2025 à Coutances dans le cadre du Festival Jazz sous les Pommiers.

Compléter le formulaire pour devenir signataire du PACTE : ICI

Lien utile :
Méthodologie de comptage pour réaliser un autodiagnostic.

Au printemps 2024, HF+Normandie a publié une nouvelle édition de l’observatoire de l’égalité, incluant un focus dédié à « L’accompagnement des musiciennes en Normandie ».
Le 17 mai, lors des Rencontres professionnelles annuelles de NORMA, un atelier mené par HF+ Normandie a permis d’en faire une présentation et de rappeler les constats et la nécessité absolue d’agir.

Pour suivre cette dynamique d’information et d’actions, NORMA a invité HF+Normandie lors des 5 réunions territoriales du mois de novembre 2024 afin de chercher à impliquer davantage les personnes, échanger et « recruter » des forces vives prêtes à s’engager dans l’écriture du PACTE. HF Normandie a coordonné la phase de préfiguration du PACTE en lien avec NORMA et est désormais en charge de son animation auprès des acteurs et actrices du territoire qui souhaitent s’impliquer. 

Phases de travail

  • Phase 1 : Automne 2024
  • Présentation de l’observatoire HF+Normandie et du projet lors des réunions territoriales organisées par NORMA et recrutempent des forces vives pour le comité technique de préfiguration.
  • Phase 2 : janvier à avril 2025
    Mise en place du Comité technique “Préfiguration du Pacte”.
    Méthodologie, analyse croisée et adaptation, validation collective.
  • Phase 3 : 27 mai 2025
    Restitution des travaux et lancement du Pacte lors des Rencontres professionnelles annuelles de NORMA, organisées à Coutances dans le cadre du festival Jazz sous les pommiers.
  • Phase 4 : à partir du mois de mai
    Animation du Pacte, implication des personnes et des structures, organisation des premières rencontres et journées thématiques. Les premiers signataires se retrouveront le lundi 29 septembre pour une première réunion en visio-conférence puis le mardi 18 novembre pour une Journée professionnelle thématique sur les violences sexistes et sexuelles organisées au 108 à Rouen. Ensuite, les réunions auront lieu tous les 2 mois jusqu’à la rencontre annuelle en mai 2026.

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[Compte-rendu] Étude sur la place des femmes dans la filière musicale | Edition 2025 – CNM

Ce jeudi 27 mars 2025, le Centre national de la musique (CNM) a organisé les Assises de l’égalité et de l’inclusion dans la musique, à Dijon. Cette année, une nouvelle édition de l’étude sur la Place des femmes dans la filière musicale a été dévoilée. Elle a pour objet les enjeux de rémunération et d’emploi dans la filière musicale et traite également de la présence des femmes dans la production, les médias et sur scène.

En 2024, la Sacem a réalisé un état des lieux de la représentation des femmes au sein de ses membres, concernant uniquement les créatrices vivantes au 31 décembre 2023. Voici les données retenues sur la rémunération et emploi des autrices et compositrices, selon la Sacem :

  • 18% des sociétaires Sacem sont enregistrés en tant que femmes (soit 34 324 créatrices, pour un total de 192 122 créateurs et créatrices).
  • 20 œuvres enregistrent au moins une participation féminine, parmi les 100 ayant généré le plus de droits Sacem (2023).
  • Seulement 1 œuvre a enregistré au moins une participation féminine, parmi les 10 ayant généré le plus de droits à l’export.

En ce qui concerne les données observées sur les revenus Sacem, nous pouvons remarquer que seulement 14% des 10 000 sociétaires Sacem ayant les revenus les plus élevés sont des femmes. Dans les tranches de revenus annuels perçus, il faut noter :

  • Les femmes représentent 16% des sociétaires ayant perçu moins de 500€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit une augmentation de 1,9% entre 2013 et 2023.
  • Les femmes représentent 16% des sociétaires ayant perçu entre 500€ et 2 000€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit une augmentation de 1,7% entre 2013 et 2023.
  • Les femmes représentent 15% des sociétaires ayant perçu entre 2 000€ et 20 000€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit une augmentation de 1,4% entre 2013 et 2023.
  • Les femmes représentent 11% des sociétaires ayant perçu plus de 20 000€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit aucune évolution de la part de femmes entre 2013 et 2023.

Quant à l’évolution dans les statuts Sacem, celui “d’adhérent” représente 33 575 femmes (18% du total), celui de “professionnel” touche 468 femmes (15% du total), et celui de “définitif” correspond à 305 femmes (11% du total). Autrement dit, plus on monte dans les catégories, plus la part de femmes baisse.

En 2024, le CNM a accordé 452 bourses à l’écriture et à la composition, 15% d’entre elles ont été attribuées à des créatrices (66 dossiers), soit une augmentation de 4% comparé à 2023.

Des données de 2024, et des années antérieures, ont été communiquées par l’Adami (Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes). Nous y apprenons que 23% des artistes-interprètes musicaux ayants droit de l’Adami étaient des femmes en 2024, et 32% des artistes-interprètes musicaux qui ont été soutenus par leurs aides automatiques, en 2023, étaient des femmes.

En ce qui concerne la répartition des aides automatiques pour les spectacles vivants musicaux en 2024, nous pouvons noter :

  • Dans les projets de musique classique, 45% des aides sont versées à des femmes, contre 55% pour des hommes.
  • Dans les projets de musique actuelle et traditionnelle, 22% des aides sont versées à des femmes, contre 78% pour des hommes.
  • Dans les projets de jazz, 21% des aides sont versées à des femmes, contre 79% pour des hommes.

De plus, nous continuons d’observer des disparités concernant le nombre d’artistes-interprètes au sein des genres musicaux en 2024 :

  • 129 femmes contre 486 hommes dans le jazz.
  • 638 femmes contre 778 hommes dans la musique classique.
  • 407 femmes contre 1411 hommes dans la musique actuelle et traditionnelle.

Mais aussi en termes de représentations sur scène, ce qui montre que les femmes obtiennent moins d’opportunités de se produire :

  • En moyenne en 2024, 6,8 représentations pour une artiste-interprète, contre 7 pour un artiste-interprète dans le jazz.
  • En moyenne en 2024, 5,9 représentations pour une artiste-interprète, et également 5,9 pour un artiste-interprète dans la musique classique.
  • En moyenne en 2024, 10,6 représentations pour une artiste-interprète, contre 12,9 pour un artiste-interprète dans la musique actuelle et traditionnelle.

Nous pouvons constater une augmentation de 6% entre 2020 et 2024 dans la part des femmes artistes-interprètes de la musique qui se sont associées à l’Adami (21% en 2020 contre 27% en 2024).

Le groupe Audiens a collecté des données, pour la retraite complémentaire, sur des entreprises ayant “déclaré de l’activité dans l’édition musicale, l’édition phonographique, le spectacle vivant privé, et le spectacle vivant public, et qui déclarent leurs salariés en activité entre 2019 et 2023 à Audiens” (CNM).  De cette façon, en 2023 nous pouvons noter que 54% des femmes ont un emploi permanent (CDI ou CDD) dans l’édition musicale, 49% dans l’édition phonographique, 56% dans le spectacle vivant non subventionné, et 59% dans le spectacle vivant subventionné. Nous pouvons aussi constater qu’en 2023, 29% des femmes ont un emploi intermittent dans l’édition musicale, 29% également dans l’édition phonographique, 36% dans le spectacle vivant non subventionné, et 39% dans le spectacle vivant subventionné.

Selon l’étude menée par le CNM, dans la production phonographique parmi les leads hors instrumental, en France en 2023 : 30% des titres déclarés sont interprétés par un lead dit féminin, et 29% des titres produits et enregistrés sont interprétés par un lead dit féminin. Dans la production de clips parmi les leads hors instrumental, en France en 2023 : 26% des clips déclarés sont interprétés par un lead dit féminin, et 28% des clips produits et enregistrés sont interprétés par un lead dit féminin. Le genre du lead est déterminé à partir de la tonalité de la voix présente sur le titre.

En se penchant sur les aides versées par le CNM en 2023 pour la production phonographique, nous pouvons observer que dans la musique actuelle 20% des dossiers soutenus ont un lead féminin, soit une baisse de 3% comparé à 2019, et 43% pour la musique classique et contemporaine, soit une hausse de 26% comparé à 2019.

Dans les médias audiovisuels en France en 2023, nous pouvons remarquer que 50% des artistes diffusés sur un panel de 65 radios ont une tonalité féminine, soit une augmentation de 2% en comparaison avec 2022. Quant à la diffusion de clips sur un panel de 20 chaînes TV, 20% ont une tonalité féminine, soit une hausse de 1% par rapport à 2022. Sur ce même échantillon de chaînes, 23% des émissions musicales diffusées ont une tonalité féminine, soit aucune évolution depuis 2022. (Source: CNM, La diversité musicale en 2023)

En ce qui concerne les écoutes en streaming audio en 2023, 18% des titres présents au sein du Top 10 000 ont un lead avec une tonalité féminine, contre 71% pour ceux avec un lead avec une tonalité masculine. Parmi les playlists générées par les utilisateurs sur les plateformes de streaming audio, nous pouvons noter qu’il y a toujours une très forte présence des leads dit masculin avec 74%, contre 17% pour les leads dit féminin. Parmi celles générées par les plateformes, 71% ont une tonalité masculine contre 20% pour la tonalité féminine. (Source: CNM, La diversité musicale en 2023)

Sur la scène, pour établir leurs données sur 2023, ils se sont basés sur les représentations des festivals et des spectacles (hors festivals). De cette façon, nous pouvons constater qu’il y a toujours une grande majorité de leads masculins dans les représentations sur scène de musique actuelle et variété:

  • Une part masculine de 59% dans les festivals, contre une part féminine de 29%. (Source: CNM, étude sur l’économie des festivals en 2023)
  • Une part masculine de 49% dans les spectacles, contre une part féminine de 25%. (Source: CNM, les chiffres de la diffusion des spectacles de musiques actuelles et de variétés en France en 2023)

En se penchant sur les aides versées par le CNM en 2024 pour la promotion-diffusion, nous pouvons remarquer que 32% des dossiers soutenus ont un lead féminin, soit une hausse de 7% comparé à 2023, contre 51% de dossiers soutenus avec un lead masculin, soit une augmentation de 10% comparé à 2023.

Ainsi, nous pouvons observer que la filière musicale présente encore beaucoup de disparités quant à la place des femmes, bien qu’il y ait une légère amélioration à noter.

Pour télécharger l’étude complète, cliquez ici.