Publié le

[Compte rendu] Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication 2024

Comme chaque année, lors de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le Ministère de la Culture a publié la 12ème édition de son Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. 

Cet observatoire édité tous les ans s’érige en outil indispensable afin de mesurer les progrès, mais aussi la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes dans le milieu culturel. Cette année, l’étude est basée sur plus de 700 indicateurs, et permet ainsi d’analyser des phénomènes aussi divers que le fonctionnement interne et la composition des équipes, la rémunération, les programmations, les aides accordées, ou encore la visibilité des artistes. Si de réels progrès sont constatés au sein de cette nouvelle édition, ils sont pour autant loin d’être homogène selon les disciplines. 

Depuis les débuts de cet observatoire, le constat que les femmes sont majoritaires sur les bancs des écoles de l’enseignement supérieur de la culture a sans cesse été réitéré. C’est toujours le cas pour cette édition : les femmes représentent 63% des étudiant.es dans ce secteur. Il y a peu de différence dans l’accès au premier emploi pour les diplômé.es : le taux d’insertion est de 92% pour les femmes et 94% pour les hommes. Pourtant, malgré ces chiffres, les femmes sont légèrement sous-représentées au sein des professions culturelles : en 2020, elles représentent 46% des effectifs. De plus, même si les écarts de salaires se réduisent peu à peu, dans onze secteurs sur douze la situation reste défavorable pour les femmes en termes de salaire. Par ailleurs, si de plus en plus de femmes occupent des postes de direction (trois des cinq postes de présidence des entreprises de l’audiovisuel occupés par des femmes), elles restent largement minoritaires aux postes de directions des structures de la création artistique (FRAC, CDN, CCN, Opéras, SMAC, …). 

En ce qui concerne la programmation, les œuvres des femmes restent moins visibles, moins acquises et moins programmées que celles des hommes : les femmes réalisent en moyenne 40 % des représentations programmées en 2023-2024 dans le secteur du spectacle vivant ; sur environ 1 900 représentations d’opéra, une sur quatre est mise en scène par une femme au cours de la saison 2023-2024 et les femmes réalisatrices de longs-métrages restent minoritaires (30 %). 

Pour ce qui est de l’accès aux moyens de production, parmi les disciplines du spectacle vivant, 45 % des équipes récipiendaires sont dirigées par des femmes et elles ne touchent que 38 % des montants totaux d’aides. L’écart se creuse pour la musique : 19 % d’aides et 15 % des montants accordés aux femmes. Enfin, dans le domaine du cinéma, en 2022, sur les 58 projets bénéficiant de l’avance sur recettes du Centre national du cinéma et de l’image animée, 28 % ont été réalisés par des femmes.

Les femmes sont également moins récompensées. Depuis 1976, seulement 8 % des films primés aux Césars ont été réalisés par des femmes, mais aucun de 2010 à 2023. La situation est peu favorable pour la musique également : 10 % d’artistes femmes seulement ont été primées aux Victoires de la musique du meilleur album depuis 1985. De 2020 à 2023, la part des femmes sélectionnées aux Molières est de 39 % parmi les metteuses et metteurs en scène et de 50 % parmi les auteurs et autrices. De 2012 à 2019, les prix de photographie emblématiques ont été attribués pour 32 % en moyenne à des femmes. Le livre est l’un des secteurs où l’on s’approche de l’égalité sous certains aspects : les femmes sont bien représentées parmi les lauréates et lauréats des grands prix littéraires (Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié, etc.). On y compte ainsi 54 % de femmes de 2020 à 2023.

Publié le

[Compte rendu] Rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France – « Baromètre sexisme »

Famille, école et numérique : la fabrique du sexisme.  

Le 22 janvier dernier sortait le sixième rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France mené par le Haut Conseil à l’Égalité (HCE). En dépit du fait que les actions favorisant une plus grande égalité entre les femmes et les hommes se multiplient en France depuis quelques années, les chiffres que ce nouveau rapport met en exergue demeurent alarmants quant à l’omniprésence du sexisme dans la société française

La première partie du rapport révèle une contradiction importante : si 92% de la population considère que les hommes et les femmes ne sont pas traité·es de la même manière en France, paradoxalement, le sexisme tend à s’enraciner

  • Les stéréotypes de genre progressent, 70% des hommes estiment qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille pour être respecté dans la société
  • Les femmes renoncent toujours plus à leurs libertés, 43% estiment qu’elles ont déjà censuré leurs propos par crainte de la réaction des hommes, cela représente une augmentation de 3 points par rapport à 2023 
  • Les idées masculinistes gagnent du terrain surtout chez les jeunes hommes, 39% des hommes entre 15 et 24 ans considèrent qu’il est difficile d’être un homme dans la société actuelle, pourcentage en augmentation de 14 points par rapport à 2023. 

Parallèlement, les violences sexistes et sexuelles persistent voire s’amplifient : 86% des femmes déclarent avoir vécu au moins une situation sexiste au cours de leur vie (6 points de plus qu’en 2023). 

La seconde partie du rapport tente d’identifier les causes de la persistance et de l’enracinement du sexisme en France. Le HCE parle de trois “incubateurs” : la famille, l’école et le numérique

  • En effet, 70% des femmes considèrent que les femmes et les hommes ne sont pas traité·es de la même manière dans leur famille et seulement 21% des Français·es estiment qu’ils et elles ont été éduqué·es de la même manière indépendamment de leur genre. À titre d’exemple, l’injonction à la maternité des femmes commence dès leur plus jeune âge : 62% des femmes déclarent avoir reçu des poupées contre seulement 3% des hommes. 
  • À l’école, le sexisme s’enracine : une personne sur deux estime que les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement au sein du système scolaire. Le partage de l’espace constitue un exemple frappant : les terrains de football dans les cours d’école représentent 70% du total de l’espace collectif. Parallèlement, le sexisme se manifeste à travers les choix d’orientations professionnelles : 74% des femmes déclarent n’avoir jamais envisagé d’études supérieures ou de métiers dans le domaine technique ou scientifique contre 41% pour les hommes. 
  • Enfin, le numérique est identifié comme la sphère dans laquelle le sexisme s’amplifie encore davantage : 68% des contenus d’Instagram diffusent des stéréotypes de genre, seulement 57% des films passent le test Bechdel*, quant à la pornographie dont on estime que 90% des contenus présentent des actes non siumlés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes, 64% des hommes de 25 à 34 ans déclarent avoir envie de reproduire les gestes sexuels issus de cette industrie et qu’il ne faut donc pas la diaboliser. 

Le rapport se conclut par une série de recommandations permettant de s’attaquer aux racines du sexisme. Le HCE demande le déploiement d’un véritable programme d’éducation à l’égalité, la régulation des contenus numériques ainsi que des sanctions réellement appliquées concernant non seulement le délit de sexisme mais aussi les violences sexistes et sexuelles, tout cela accompagné de mesures concrètes à appliquer dès maintenant afin de faire régresser le sexisme au sein de la société française.

*Le « test Bechdel-Wallace » est un outil visant à évaluer la représentation des femmes et à mettre en évidence la surreprésentation des protagonistes masculins dans les œuvres audiovisuelles. Pour en savoir plus rendez-vous sur https://bechdeltest.com/

Publié le

[PUBLICATION] Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture sur le territoire de Rouen Seine Normande 2028 | Édition 2023 – Données 2021

La seconde édition de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la cultures sur le territoire de la métropole rouennaise vient de paraître!

Dans le sillage de la première édition parue en 2022, l’association HF Normandie s’est attachée à étudier différents pans des inégalités entre les femmes et les hommes dans le secteur culturel :

  • la répartition femmes/hommes des artistes présent·es dans les programmations de la saison 2021/2022
  • la répartition femmes/hommes dans les équipes des établissements culturels et notamment le type de poste occupé par chacun·e
  • la répartition genrée des moyens de production et de diffusion alloués dans le spectacle vivant

Les données présentées ici sont relatives aux programmations spectacle vivant et musiques actuelles – avec près de 1200 évènements étudiés – ainsi qu’aux arts visuels avec une cinquantaine d’expositions temporaires analysées.

🡺 Des progrès à saluer dans le spectacle vivant et les musiques actuelles : sur 36 structures étudiées, 16 d’entre elles ont une programmation où la part des femmes atteint le seuil des 33%!
Ces efforts, bien qu’encourageants, restent insuffisants dans plusieurs domaines :

  • Aucune femme directrice artistique à l’Opéra ;
  • Plus présentes en danse et théâtre (plus de 40% à la direction artistiques), les femmes demeurent surreprésentées dans les spectacles jeune public ;
  • Moins de 30% des auteur·ices sont des femmes avec de grandes disparités selon les disciplines ;
  • Sur scène, les femmes représentent moins d’1/4 des artistes lead (musiques actuelles) et sont globalement minoritaires sauf dans le cas où la direction artistique du projet est assurée par une femme.

🡺 Dans les arts visuels, les chiffres sont encourageants avec 42,4% de femmes exposées, en augmentation de 7,4 points depuis 2019. La part des femmes est identique dans les expositions monographiques, mais diminue lorsque la durée de l’exposition augmente.

🡺 Concernant l’emploi permanent dans les structures étudiées (spectacle vivant & musiques actuelles et arts visuels) :

  • Les femmes sont moins nombreuses à la direction d’établissement dans le spectacle vivant, et lorsqu’elles le sont, dirigent des structures moins bien dotées ou de moins grande ampleur. De la même manière dans les arts visuels, les postes hiérarchiquement plus élevés et valorisés sont occupés par des hommes ;
  • La répartition par pôle de métiers confirme les stéréotypes avec une part majoritaire de femmes dans les fonctions associées au lien social comme : la communication, les relations publics et la billetterie. Alors que les fonctions de direction technique sont assurées uniquement par des hommes dans le spectacle vivant et les musiques actuelles.

🡺 Le nouvel indicateur de cette édition 2023 questionne de manière plus pointue la place des femmes artistes et la manière dont leur travail est considéré/valorisé par les institutions en présentant le principe d’éga-conditionnalité.

  • Définition : principe qui consiste à conditionner l’attribution des financements publics ou des autorisations administratives au respect des valeurs et pratiques égalitaires entre les femmes et les hommes ;
  • Grâce à la collaboration de l’agence ODIA Normandie, de la Scène Nationale le Tangram et du Centre Dramatique National de Normandie Rouen, l’étude dessine les contours des inégalités financières et de subventions auxquelles font face les artistes femmes. Les aides sont en moyenne moins nombreuses et moins conséquentes à destination des équipes artistiques féminines. Les femmes ont par ailleurs tendance à déposer moins de dossiers de demandes d’aides que leurs homologues masculins.
    Afin de résorber ces écarts, les questions de répartition et de légitimité sont à travailler.
Publié le

Bilan du rapport CINÉGALITÉS, du collectif 50/50

Le collectif 50/50 est une organisation qui lutte pour la parité entre les hommes et les femmes dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel en France. Leur rapport « Cinégalités » publié en 2021 vise à dresser un état des lieux de la représentation et de la participation des femmes dans l’industrie du cinéma en France. Il analyse ainsi les chiffres de la parité et de la diversité dans différents domaines du cinéma, tels que les réalisateurs, les scénaristes, les producteurs et les acteurs, ainsi que la représentation des femmes dans les films eux-mêmes.

Le rapport conclut sur différents points.

D’abord, en montrant que les femmes sont sous-représentées dans l’ensemble de l’industrie cinématographique française, notamment dans les postes de décision et de création. Seulement 24% des films produits en France entre 2000 et 2018 ont été réalisés par des femmes, et les femmes représentent seulement 29% des scénaristes et 25% des producteur.ices de films. 

Le rapport souligne également la persistance des stéréotypes sexistes dans les films, en particulier dans la représentation des personnages féminins. Les femmes sont souvent représentées de manière stéréotypée, avec des rôles limités et des caractéristiques superficielles, tandis que les personnages masculins ont tendance à être plus complexes et multidimensionnels. Le rapport insiste, soulignant également que les stéréotypes de genre et les représentations négatives des femmes dans les médias sont encore très présents, ce qui renforce les inégalités entre les sexes et les discriminations. Les femmes sont souvent reléguées à des rôles secondaires, stéréotypés ou sexualisés, tandis que les rôles principaux sont souvent réservés aux hommes.

On voit aussi que les femmes restent largement sous-représentées dans l’industrie du cinéma en France, notamment dans les postes de réalisation et de production. Les chiffres présentés dans le rapport montrent que les femmes représentent seulement 28% des réalisateur.ices et 40% des producteur.ices en France, et qu’elles sont également moins bien rémunérées que les hommes pour les mêmes postes.

De plus, le rapport du collectif souligne également l’importance de la représentation des femmes dans les films et les séries, en particulier en ce qui concerne la diversité des rôles proposés aux actrices. Les stéréotypes de genre et les représentations négatives des femmes dans les médias sont encore très présents, ce qui renforce les inégalités entre les sexes et les discriminations.

Le rapport appelle finalement à une plus grande parité et diversité dans l’ensemble de l’industrie cinématographique, ainsi qu’à une sensibilisation accrue aux stéréotypes de genre et à la représentation des femmes dans les films. Le collectif 50/50 propose également des recommandations pour encourager une plus grande parité et diversité dans l’industrie cinématographique, telles que l’adoption de quotas de genre pour les postes de décision et de création, la sensibilisation aux biais inconscients et la mise en place de programmes de mentorat pour les femmes dans l’industrie.

Cependant, au-delà d’un constat bien faible quant à la parité dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel, on note une prise de conscience grandissante dans le milieu. Le rapport illustre l’industrie du cinéma en France comme se saisissant du problème, avec une mobilisation croissante de la part des acteurs et actrices du milieu pour encourager la diversité et l’inclusion. Il cite notamment des initiatives comme le collectif 50/50 lui-même, qui encourage la parité entre les sexes dans l’industrie, ainsi que la mise en place de quotas par certains festivals pour encourager une plus grande représentation des femmes dans les films sélectionnés.

Par le biais de ce rapport, le collectif démontre que la parité entre les hommes et les femmes dans l’industrie du cinéma en France est encore loin d’être atteinte et souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour encourager une plus grande représentation des femmes à tous les niveaux de l’industrie, ainsi que dans les rôles proposés.

Publié le

Retour sur le festival de Cannes 2023

Le 76e Festival de Cannes s’est déroulé du 16 au 27 mai dernier. Avec Catherine Deneuve en tête d’affiche, c’est sur la musique officielle de Camille Saint-Saëns que s’est ouvert l’édition 2023 du Festival de Cannes. Au programme, 69 projections étendues sur toute la durée de l’événement, en commençant par “Jeanne du Barry” avec Maïwenn à la réalisation et Johnny Depp à l’action, de quoi faire polémique. Le Festival s’est terminé le 27 mai, décernant des récompenses aux artistes séléctionné.es par un jury composé à 44% de femmes pour les longs-métrages, 80% de femmes pour les courts-métrages et 60% pour Un Certain Regard.

Dans la catégorie “Long-Métrage”, seules 7 réalisatrices ont été sélectionnées contre 14 réalisateurs. Quant au palmarès, 86% des longs métrages récompensés ont été réalisés par des hommes tandis que 14% sont réalisés par des femmes. Néanmoins, la Palme d’Or de ce festival revient cette année à une réalisatrice, Justine Triet, succédant à Julia Ducournau, et décrochant ainsi la troisième palme d’or féminine de l’histoire. Malgré tout, toutes les autres récompenses de longs-métrages sont cette année décrochées par des réalisateurs.

Dans la catégorie “Court-Métrage”, 2 films à la réalisation mixte sont sélectionnés, tandis que 3 réalisatrices ont été sélectionnées contre 4 réalisateurs. Ici, 100% des récompenses féminines avec une palme d’or du court métrage pour Flora Anna Buda et une mention spéciale court-métrage pour Gunnur Martins Dottir Schlüter.

Enfin, dans la catégorie “Un Certain Regard”, 6 réalisatrices ont été sélectionnées face à 11 réalisateurs et 1 duo mixte. A nouveau, 100% de récompense décernée aux femmes avec Molly Manning Walker gagnante du prix.

Publié le

[Compte-rendu] Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication 2023

Le 8 mars 2023, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le Ministère de la Culture publiait la 11ème édition de son Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication

Cet observatoire, basé sur plus d’une centaine d’indicateurs, permet d’analyser des phénomènes aussi divers que le fonctionnement interne et la composition des équipes, la rémunération des employé.es, les programmations, les aides accordées, ou encore la visibilité des artistes. Le principal constat de cette édition, c’est que malgré de légers progrès, de fortes inégalités persistent dans certaines disciplines

Bien que les femmes soient majoritaires sur les bancs des écoles de l’enseignement supérieur Culture, seules 4 personnes sur 10 en emploi dans le secteur culturel sont des femmes. Même si la part des femmes dans certaines disciplines a progressé depuis plusieurs années (38% de femmes parmi les architectes en 2019 contre 32% en 2009), la parité peine à être atteinte. Les femmes représentent 44% des membres de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SCAM), et seulement 19% des membres de la Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musiques (SACEM). Dans d’autres secteurs, les femmes sont sur-représentées : c’est le cas des professions de la documentation et de la conservation (74%). 

En ce qui concerne les salaires dans les secteurs culturels, on observe notamment dans le corps administratif une relative égalité de rémunération. En revanche, de fortes disparités existent dans d’autres corps : on observe un écart de 15% en équivalent temps plein au sein des métiers du spectacle et de l’audiovisuel. L’écart le plus marqué est de 21% et concerne le secteur de l’édition photographique. 

Pour ce qui est de l’encadrement de l’administration centrale du Ministère et de ses opérateur.ices, la part des femmes est importante, notamment aux postes de direction du Ministère (53%). Cependant, dans les structures de Création artistiques, les femmes restent minoritaires à assurer des postes à hautes responsabilités : en moyenne, en 2023, seules 35% des structures labellisées par le programme 131 sont dirigées par des femmes. Les commissions, conseils, instances consultatives et jurys sont de plus en plus paritaires : 49% dans les instances du Centre national de la musique (CNM). 

Les œuvres de femmes restent en revanche moins visibles au sein des représentations artistiques : par exemple, sur 2060 représentations d’opéra, seules une sur quatre sont mises en scène par des femmes. Elles sont également moins nombreuses que les hommes à recevoir des aides financières : sur l’ensemble des disciplines du spectacle vivant, seulement 36% des équipes recevant des aides sont dirigées par des femmes et elles ne touchent que 27% du montant total de ces aides

Enfin, concernant la consécration artistique, les femmes représentent un part minime des artistes primé.es. Depuis 2010, aucune réalisatrice n’a reçu de César. Entre 1970 et 2019, aucun film réalisé par une femme n’a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes (pour la deuxième fois seulement en 2021, un film réalisé par une femme a été primé). Aux Victoires de la Musique, seules 10% des artistes primé.es sont des femmes. Le secteur du livre est plus favorable aux femmes sur ce point : entre 2020 et 2022, sur 9 grands prix littéraires, 44% de femmes ont été récompensées.

Publié le

[Compte rendu] Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France – « Baromètre sexisme »

Ce lundi 23 janvier dernier sortait le cinquième Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France, mené par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) auprès d’un échantillon représentatif de 2 500 personnes âgées de 15 ans et plus. 

Le sexisme vit de beaux jours en France. En effet, malgré les nombreuses mesures prises ces dernières années pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans la société, le sexisme ne recule pas, voire s’aggrave à certains égards

La première partie du rapport est consacrée au vécu du sexisme en France dans les différentes sphères de la société. La sphère professionnelle est perçue comme particulièrement sexiste : les femmes sont surreprésentées au sein des métiers précaires (particulièrement le secteur du care). Dans les médias, les femmes sont encore sous-représentées. Quant au cadre éducatif et aux réseaux sociaux, la perception des inégalités femmes-hommes est en très nette hausse par rapport à l’an dernier. 

En comparaison avec le rapport de l’an passé, les femmes sont toujours aussi nombreuses à déclarer avoir personnellement subi des situations sexistes (80%) dans des sphères aussi diverses que la rue, les transports, le foyer ou encore le monde du travail. Le baromètre décrit “une situation alarmante” concernant les discriminations, harcèlements et violences subis par les femmes : 37% des Françaises déclarent avoir déjà subi une situation de non-consentement. Toutes ces statistiques sont corroborées par des études officielles qui démontrent toutes unanimement une nette augmentation des victimes de violences sexistes et sexuelles en 2022

En réponse à un sexisme omniprésent dans toutes les sphères de la société, 9 femmes sur 10 affirment adopter des conduites d’évitement pour ne pas en subir les effets (ces conduites vont du renoncement à sortir seule à l’adaptation de sa tenue vestimentaire). Ces attitudes de renoncement ont des répercussions concrètes sur le comportement et la vie quotidienne des femmes, entre autres la perte de confiance en soi. 

La deuxième partie du rapport s’attèle à démontrer que l’adhésion aux stéréotypes sexistes est encore forte en France. En dépit d’une conscience partagée de l’inégalité entre les femmes et les hommes au sein de la société, les situations de sexisme ordinaire n’en sont pas moins acceptées par l’ensemble de la population. 

Si les femmes persistent à intégrer certains stéréotypes de genre, ce sont surtout les hommes qui en sont imprégnés. Ainsi, les hommes interrogés sont beaucoup moins nombreux que les femmes à reconnaître les inégalités de traitement inhérentes à certains secteurs (médias, monde professionnel, espace public, …). Outre cela, le baromètre met en exergue l’émergence d’une pensée masculiniste chez les hommes de moins de 35 ans : 20% des 25-34 ans considèrent qu’il faut “vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis” pour être respecté en tant qu’homme, et 23% qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. 

Enfin, les hommes, même s’ils reconnaissent en partie l’inégalité entre les femmes et les hommes, peinent à se sentir concernés par la question : 4 hommes sur 10 considèrent qu’on “s’acharne sur les hommes”

La dernière partie du rapport est consacrée aux moyens mis en œuvre pour endiguer le sexisme et protéger les femmes, qui sont jugés insuffisants voire inopérants. En effet, les mobilisations féministes sous toutes leurs formes sont en nette croissance depuis MeToo. Pourtant, le débat public ne s’en trouve pas pour autant modifié : seules 29% des personnes interrogées estiment que l’on parle correctement du sexisme dans le débat public

Les statistiques du baromètre démontrent un manque de confiance criant à l’égard des institutions publiques et politiques. Seule 30% de la population interrogée fait confiance au gouvernement en matière d’égalité. Par ailleurs, 80% de cette même population estime que l’arsenal juridique est mal appliqué voire insuffisant. 

Une vague antiféministe post-MeToo, dénoncée par de nombreuses militantes, est visible dans les données recueillies par le baromètre : 33% des hommes interrogés estiment que le féminisme menace la place et le rôle  des hommes dans la société et 29% estiment que les hommes sont en train de perdre leur pouvoir. Cette poussée conservatrice est visible à l’échelle internationale à travers le recul des droits des femmes dans de nombreux pays (Etats-Unis, Ukraine, Afghanistan, Soudan, Iran, Pologne, Italie, …). 

Le baromètre propose une série de recommandations à la fois pour agir sur les mentalités et sur les effets du sexisme et pour rendre les services publics plus performants, plus à même de répondre aux problématiques actuelles. 

Publié le

[Compte-rendu] Les artistes femmes dans le spectacle public – Saison 2020/2021

Pour la deuxième année consécutive, le Syndeac – Syndicat des Entreprises Artistiques et Culturelles – a procédé à un comptage des femmes dans les programmations des structures de spectacle vivant public, en collaboration avec les Archives du spectacle. Publié fin 2022, les chiffres présentés sont ceux de la saison 2020/2021. L’étude concerne les théâtres nationaux et les établissements labellisés par l’Etat, certains festivals d’ampleur, ainsi que l’ensemble des établissements adhérents du Syndeac. 

Quatre aspects propres au spectacle vivant ont fait l’objet de la collecte de données et de la production de statistiques : la mise en scène, l’écriture, le nombre d’artistes au plateau et le potentiel de public (la visibilité offerte aux artistes), tous analysés sous le prisme du genre. Ainsi, quatre principaux chiffres sont à retenir quant aux spectacles vivants programmés au cours de la saison 2020/2021 : 

  • 38% sont mis en scène par des femmes.
  • 33% sont écrits par des femmes.
  • 42% des artistes au plateau sont des femmes.
  • Le potentiel de public alloué aux femmes est de 33%

La ventilation par discipline opérée par le Syndeac permet de mettre en exergue celles au sein desquelles les femmes sont le plus sous-représentées, c’est particulièrement le cas pour le cirque et le théâtre. La ventilation par lieux quant à elle, démontre que cette sous-représentation des femmes est d’autant plus conséquente dans les scènes nationales et dans les théâtres nationaux

Le Syndeac a réalisé une comparaison entre les chiffres récoltés pour la saison 2020/2021 et ceux de la saison 2019/2020. Cela permet d’observer une hausse générale du nombre de femmes dans les différentes catégories étudiées : +3% pour la mise en scène, +4% pour l’écriture, +1% de femmes au plateau, +2% de potentiel de public alloué aux femmes. 

Toutefois, il convient de nuancer ces chiffres, et ce pour différentes raisons. Premièrement, le Syndeac l’indique lui-même, ces augmentations ne sont calculées que sur deux saisons consécutives, ainsi elles ne constituent pas une véritable tendance. Deuxièmement, cette croissance globale du nombre de femmes dans les différentes catégories masque des disparités qui augmentent dans certains lieux ou dans certaines disciplines. Par exemple, bien que de façon globale le pourcentage des spectacles écrits par des femmes a augmenté de 4% par rapport à la saison passée, seuls 21% de ces spectacles sont à l’affiche dans les théâtres nationaux, contre 28% pour la saison 2019/2020, soit une baisse de 7 points. 

Ainsi, le Syndeac nuance ce bilan tout en indiquant qu’avec le rapport de la saison 2021/2022, les chiffres seront davantage significatifs. Ce comptage permet toutefois de constater le manque irrécusable de femmes dans l’ensemble des domaines du spectacle vivant public en France.  

Publié le

[PUBLICATION] Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture sur le territoire de la métropole rouennaise | Édition 2022 – Données 2019

La première édition de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture sur le territoire de la métropole rouennaise vient de paraître !

Pour ce recueil de données chiffrées, HF Normandie s’est attachée à étudier deux pans de l’(in)égalité entre les femmes et les hommes dans les milieux artistique et culturel :
🡺 la répartition des femmes et des hommes artistes dont le travail a été présenté pendant la saison 2019/2020 ;
🡺 la répartition des femmes et des hommes au sein des équipes et notamment du type de profession que chacun·e occupe.

Les données présentées ici sont relatives aux programmations spectacle vivant et musiques actuelles – avec plus de 750 évènements étudiés – ainsi qu’au Arts Visuels avec une quarantaine d’expositions temporaires analysées.

La part des femmes atteint à peine 1/3 des artistes représenté·es peu importe la fonction qu’ils ou elles occupent au sein de l’élaboration du projet (directeur·trices artistique ; autrices ou auteurs ; artistes exposé·es, lead d’un concert de musiques actuelles, etc.).

Cette répartition vaut pour l’ensemble des structures étudiées qu’elles soient labellisées, conventionnées ou non. Il convient tout de même de noter que les structures qui ne font pas l’objet d’une convention avec l’Etat sont celles qui ont le plus de femmes directrices artistiques ou autrices dans leur programmation.

🡺 Dans le spectacle vivant et les musiques actuelles, sur l’ensemble des structures étudiées, 80% d’entre elles ont programmé moins de 33% de femmes lors de la saison 2019-2020 :

  • Aucune femme à la direction artistique des Opéras ;
  • Pour le théâtre et la danse, il y a seulement 1/3 de femmes directrices artistiques ; 
  • Les chiffres sont similaires voire inférieurs s’agissant des autrices
  • Les femmes ne représentent même pas 1/5e des artistes lead (musiques actuelles) ; 
  • Les femmes directrices artistiques et/ou autrices sont deux fois plus nombreuses dans les spectacles à destination du jeune public ; 
  • Sur scène, les femmes sont toujours minoritaires sauf dans le cas où la direction artistique du projet est assurée par une femme

🡺 Dans le secteur des arts visuels, les proportions sont un peu plus égalitaires avec un peu plus d’1/3 de femmes artistes exposées, cependant plus la durée d’exposition est longue plus les femmes s’évaporent

🡺Concernant l’emploi permanent dans les structures étudiées (spectacle vivant & musiques actuelles et arts visuels) :

  • 1/3 de femmes occupent les fonction de direction et/ou programmation dans le spectacle vivant et les musiques actuelles. Elles sont 43% dans les arts visuels
  • La répartition par pôle de métiers confirme les stéréotypes avec une part plus importante de femmes que d’hommes dans le pôle communication, relations publics et billetterie alors que les fonction de direction technique sont assurées uniquement par des hommes dans le spectacle vivant et les musiques actuelles
Publié le

Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication – Ministère de la Culture (2022)

À l’occasion de la Journée internationale du Droit des femmes, le 8 mars 2022, le Ministère de la Culture a publié la dixième édition de son Observatoire sur l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. En 2017, le Ministère de la Culture a été labellisé Diversité et Égalité professionnelle par l’AFNOR. L’Observatoire de l’égalité de ce Ministère, établi sur la base de quelques centaines d’indicateurs, est « reconnu comme un outil unique en son genre au niveau européen et mondial ».  

Cet Observatoire de l’égalité est accompagné, depuis 2018, d’une feuille de route qui présente, entre autres, le renforcement de la prise en compte des enjeux de l’égalité dans la conduite des politiques culturelles. L’égalité femmes-hommes, grande mesure du « Quinquennat Macron », fait d’ores et déjà partie des annonces des candidats à la présidentielle 2022. 

Malgré les nombreux progrès réalisés en la matière encore beaucoup d’inégalités perdurent dans le milieu culturel. Pour les femmes, il est encore trop difficile d’occuper dans les Arts et la Culture toute la place qui leur revient. En effet, si les femmes sont majoritaires sur les bancs de l’enseignement supérieur « Culture », cet Observatoire de l’égalité fait état d’encore trop grandes disparités. Ces inégalités se font ressentir dans toutes les branches du milieu culturel notamment dans l’accès aux moyens de production, dans la programmation ou encore dans l’absence (quasi) totale de consécration des femmes aux concours et distinctions artistiques. 

Vous pouvez retrouver l’Observatoire dans son intégralité en cliquant sur le lien suivant : https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/284302.pdf