Publié le

Bilan du rapport CINÉGALITÉS, du collectif 50/50

Le collectif 50/50 est une organisation qui lutte pour la parité entre les hommes et les femmes dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel en France. Leur rapport « Cinégalités » publié en 2021 vise à dresser un état des lieux de la représentation et de la participation des femmes dans l’industrie du cinéma en France. Il analyse ainsi les chiffres de la parité et de la diversité dans différents domaines du cinéma, tels que les réalisateurs, les scénaristes, les producteurs et les acteurs, ainsi que la représentation des femmes dans les films eux-mêmes.

Le rapport conclut sur différents points.

D’abord, en montrant que les femmes sont sous-représentées dans l’ensemble de l’industrie cinématographique française, notamment dans les postes de décision et de création. Seulement 24% des films produits en France entre 2000 et 2018 ont été réalisés par des femmes, et les femmes représentent seulement 29% des scénaristes et 25% des producteur.ices de films. 

Le rapport souligne également la persistance des stéréotypes sexistes dans les films, en particulier dans la représentation des personnages féminins. Les femmes sont souvent représentées de manière stéréotypée, avec des rôles limités et des caractéristiques superficielles, tandis que les personnages masculins ont tendance à être plus complexes et multidimensionnels. Le rapport insiste, soulignant également que les stéréotypes de genre et les représentations négatives des femmes dans les médias sont encore très présents, ce qui renforce les inégalités entre les sexes et les discriminations. Les femmes sont souvent reléguées à des rôles secondaires, stéréotypés ou sexualisés, tandis que les rôles principaux sont souvent réservés aux hommes.

On voit aussi que les femmes restent largement sous-représentées dans l’industrie du cinéma en France, notamment dans les postes de réalisation et de production. Les chiffres présentés dans le rapport montrent que les femmes représentent seulement 28% des réalisateur.ices et 40% des producteur.ices en France, et qu’elles sont également moins bien rémunérées que les hommes pour les mêmes postes.

De plus, le rapport du collectif souligne également l’importance de la représentation des femmes dans les films et les séries, en particulier en ce qui concerne la diversité des rôles proposés aux actrices. Les stéréotypes de genre et les représentations négatives des femmes dans les médias sont encore très présents, ce qui renforce les inégalités entre les sexes et les discriminations.

Le rapport appelle finalement à une plus grande parité et diversité dans l’ensemble de l’industrie cinématographique, ainsi qu’à une sensibilisation accrue aux stéréotypes de genre et à la représentation des femmes dans les films. Le collectif 50/50 propose également des recommandations pour encourager une plus grande parité et diversité dans l’industrie cinématographique, telles que l’adoption de quotas de genre pour les postes de décision et de création, la sensibilisation aux biais inconscients et la mise en place de programmes de mentorat pour les femmes dans l’industrie.

Cependant, au-delà d’un constat bien faible quant à la parité dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel, on note une prise de conscience grandissante dans le milieu. Le rapport illustre l’industrie du cinéma en France comme se saisissant du problème, avec une mobilisation croissante de la part des acteurs et actrices du milieu pour encourager la diversité et l’inclusion. Il cite notamment des initiatives comme le collectif 50/50 lui-même, qui encourage la parité entre les sexes dans l’industrie, ainsi que la mise en place de quotas par certains festivals pour encourager une plus grande représentation des femmes dans les films sélectionnés.

Par le biais de ce rapport, le collectif démontre que la parité entre les hommes et les femmes dans l’industrie du cinéma en France est encore loin d’être atteinte et souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour encourager une plus grande représentation des femmes à tous les niveaux de l’industrie, ainsi que dans les rôles proposés.

Publié le

[Compte-rendu] Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication 2023

Le 8 mars 2023, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le Ministère de la Culture publiait la 11ème édition de son Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication

Cet observatoire, basé sur plus d’une centaine d’indicateurs, permet d’analyser des phénomènes aussi divers que le fonctionnement interne et la composition des équipes, la rémunération des employé.es, les programmations, les aides accordées, ou encore la visibilité des artistes. Le principal constat de cette édition, c’est que malgré de légers progrès, de fortes inégalités persistent dans certaines disciplines

Bien que les femmes soient majoritaires sur les bancs des écoles de l’enseignement supérieur Culture, seules 4 personnes sur 10 en emploi dans le secteur culturel sont des femmes. Même si la part des femmes dans certaines disciplines a progressé depuis plusieurs années (38% de femmes parmi les architectes en 2019 contre 32% en 2009), la parité peine à être atteinte. Les femmes représentent 44% des membres de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SCAM), et seulement 19% des membres de la Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musiques (SACEM). Dans d’autres secteurs, les femmes sont sur-représentées : c’est le cas des professions de la documentation et de la conservation (74%). 

En ce qui concerne les salaires dans les secteurs culturels, on observe notamment dans le corps administratif une relative égalité de rémunération. En revanche, de fortes disparités existent dans d’autres corps : on observe un écart de 15% en équivalent temps plein au sein des métiers du spectacle et de l’audiovisuel. L’écart le plus marqué est de 21% et concerne le secteur de l’édition photographique. 

Pour ce qui est de l’encadrement de l’administration centrale du Ministère et de ses opérateur.ices, la part des femmes est importante, notamment aux postes de direction du Ministère (53%). Cependant, dans les structures de Création artistiques, les femmes restent minoritaires à assurer des postes à hautes responsabilités : en moyenne, en 2023, seules 35% des structures labellisées par le programme 131 sont dirigées par des femmes. Les commissions, conseils, instances consultatives et jurys sont de plus en plus paritaires : 49% dans les instances du Centre national de la musique (CNM). 

Les œuvres de femmes restent en revanche moins visibles au sein des représentations artistiques : par exemple, sur 2060 représentations d’opéra, seules une sur quatre sont mises en scène par des femmes. Elles sont également moins nombreuses que les hommes à recevoir des aides financières : sur l’ensemble des disciplines du spectacle vivant, seulement 36% des équipes recevant des aides sont dirigées par des femmes et elles ne touchent que 27% du montant total de ces aides

Enfin, concernant la consécration artistique, les femmes représentent un part minime des artistes primé.es. Depuis 2010, aucune réalisatrice n’a reçu de César. Entre 1970 et 2019, aucun film réalisé par une femme n’a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes (pour la deuxième fois seulement en 2021, un film réalisé par une femme a été primé). Aux Victoires de la Musique, seules 10% des artistes primé.es sont des femmes. Le secteur du livre est plus favorable aux femmes sur ce point : entre 2020 et 2022, sur 9 grands prix littéraires, 44% de femmes ont été récompensées.

Publié le

[Compte rendu] Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France – « Baromètre sexisme »

Ce lundi 23 janvier dernier sortait le cinquième Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France, mené par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) auprès d’un échantillon représentatif de 2 500 personnes âgées de 15 ans et plus. 

Le sexisme vit de beaux jours en France. En effet, malgré les nombreuses mesures prises ces dernières années pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans la société, le sexisme ne recule pas, voire s’aggrave à certains égards

La première partie du rapport est consacrée au vécu du sexisme en France dans les différentes sphères de la société. La sphère professionnelle est perçue comme particulièrement sexiste : les femmes sont surreprésentées au sein des métiers précaires (particulièrement le secteur du care). Dans les médias, les femmes sont encore sous-représentées. Quant au cadre éducatif et aux réseaux sociaux, la perception des inégalités femmes-hommes est en très nette hausse par rapport à l’an dernier. 

En comparaison avec le rapport de l’an passé, les femmes sont toujours aussi nombreuses à déclarer avoir personnellement subi des situations sexistes (80%) dans des sphères aussi diverses que la rue, les transports, le foyer ou encore le monde du travail. Le baromètre décrit “une situation alarmante” concernant les discriminations, harcèlements et violences subis par les femmes : 37% des Françaises déclarent avoir déjà subi une situation de non-consentement. Toutes ces statistiques sont corroborées par des études officielles qui démontrent toutes unanimement une nette augmentation des victimes de violences sexistes et sexuelles en 2022

En réponse à un sexisme omniprésent dans toutes les sphères de la société, 9 femmes sur 10 affirment adopter des conduites d’évitement pour ne pas en subir les effets (ces conduites vont du renoncement à sortir seule à l’adaptation de sa tenue vestimentaire). Ces attitudes de renoncement ont des répercussions concrètes sur le comportement et la vie quotidienne des femmes, entre autres la perte de confiance en soi. 

La deuxième partie du rapport s’attèle à démontrer que l’adhésion aux stéréotypes sexistes est encore forte en France. En dépit d’une conscience partagée de l’inégalité entre les femmes et les hommes au sein de la société, les situations de sexisme ordinaire n’en sont pas moins acceptées par l’ensemble de la population. 

Si les femmes persistent à intégrer certains stéréotypes de genre, ce sont surtout les hommes qui en sont imprégnés. Ainsi, les hommes interrogés sont beaucoup moins nombreux que les femmes à reconnaître les inégalités de traitement inhérentes à certains secteurs (médias, monde professionnel, espace public, …). Outre cela, le baromètre met en exergue l’émergence d’une pensée masculiniste chez les hommes de moins de 35 ans : 20% des 25-34 ans considèrent qu’il faut “vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis” pour être respecté en tant qu’homme, et 23% qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. 

Enfin, les hommes, même s’ils reconnaissent en partie l’inégalité entre les femmes et les hommes, peinent à se sentir concernés par la question : 4 hommes sur 10 considèrent qu’on “s’acharne sur les hommes”

La dernière partie du rapport est consacrée aux moyens mis en œuvre pour endiguer le sexisme et protéger les femmes, qui sont jugés insuffisants voire inopérants. En effet, les mobilisations féministes sous toutes leurs formes sont en nette croissance depuis MeToo. Pourtant, le débat public ne s’en trouve pas pour autant modifié : seules 29% des personnes interrogées estiment que l’on parle correctement du sexisme dans le débat public

Les statistiques du baromètre démontrent un manque de confiance criant à l’égard des institutions publiques et politiques. Seule 30% de la population interrogée fait confiance au gouvernement en matière d’égalité. Par ailleurs, 80% de cette même population estime que l’arsenal juridique est mal appliqué voire insuffisant. 

Une vague antiféministe post-MeToo, dénoncée par de nombreuses militantes, est visible dans les données recueillies par le baromètre : 33% des hommes interrogés estiment que le féminisme menace la place et le rôle  des hommes dans la société et 29% estiment que les hommes sont en train de perdre leur pouvoir. Cette poussée conservatrice est visible à l’échelle internationale à travers le recul des droits des femmes dans de nombreux pays (Etats-Unis, Ukraine, Afghanistan, Soudan, Iran, Pologne, Italie, …). 

Le baromètre propose une série de recommandations à la fois pour agir sur les mentalités et sur les effets du sexisme et pour rendre les services publics plus performants, plus à même de répondre aux problématiques actuelles. 

Publié le

[Compte-rendu] Les artistes femmes dans le spectacle public – Saison 2020/2021

Pour la deuxième année consécutive, le Syndeac – Syndicat des Entreprises Artistiques et Culturelles – a procédé à un comptage des femmes dans les programmations des structures de spectacle vivant public, en collaboration avec les Archives du spectacle. Publié fin 2022, les chiffres présentés sont ceux de la saison 2020/2021. L’étude concerne les théâtres nationaux et les établissements labellisés par l’Etat, certains festivals d’ampleur, ainsi que l’ensemble des établissements adhérents du Syndeac. 

Quatre aspects propres au spectacle vivant ont fait l’objet de la collecte de données et de la production de statistiques : la mise en scène, l’écriture, le nombre d’artistes au plateau et le potentiel de public (la visibilité offerte aux artistes), tous analysés sous le prisme du genre. Ainsi, quatre principaux chiffres sont à retenir quant aux spectacles vivants programmés au cours de la saison 2020/2021 : 

  • 38% sont mis en scène par des femmes.
  • 33% sont écrits par des femmes.
  • 42% des artistes au plateau sont des femmes.
  • Le potentiel de public alloué aux femmes est de 33%

La ventilation par discipline opérée par le Syndeac permet de mettre en exergue celles au sein desquelles les femmes sont le plus sous-représentées, c’est particulièrement le cas pour le cirque et le théâtre. La ventilation par lieux quant à elle, démontre que cette sous-représentation des femmes est d’autant plus conséquente dans les scènes nationales et dans les théâtres nationaux

Le Syndeac a réalisé une comparaison entre les chiffres récoltés pour la saison 2020/2021 et ceux de la saison 2019/2020. Cela permet d’observer une hausse générale du nombre de femmes dans les différentes catégories étudiées : +3% pour la mise en scène, +4% pour l’écriture, +1% de femmes au plateau, +2% de potentiel de public alloué aux femmes. 

Toutefois, il convient de nuancer ces chiffres, et ce pour différentes raisons. Premièrement, le Syndeac l’indique lui-même, ces augmentations ne sont calculées que sur deux saisons consécutives, ainsi elles ne constituent pas une véritable tendance. Deuxièmement, cette croissance globale du nombre de femmes dans les différentes catégories masque des disparités qui augmentent dans certains lieux ou dans certaines disciplines. Par exemple, bien que de façon globale le pourcentage des spectacles écrits par des femmes a augmenté de 4% par rapport à la saison passée, seuls 21% de ces spectacles sont à l’affiche dans les théâtres nationaux, contre 28% pour la saison 2019/2020, soit une baisse de 7 points. 

Ainsi, le Syndeac nuance ce bilan tout en indiquant qu’avec le rapport de la saison 2021/2022, les chiffres seront davantage significatifs. Ce comptage permet toutefois de constater le manque irrécusable de femmes dans l’ensemble des domaines du spectacle vivant public en France.  

Publié le

[PUBLICATION] Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture sur le territoire de la métropole rouennaise | Édition 2022 – Données 2019

La première édition de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture sur le territoire de la métropole rouennaise vient de paraître !

Pour ce recueil de données chiffrées, HF Normandie s’est attachée à étudier deux pans de l’(in)égalité entre les femmes et les hommes dans les milieux artistique et culturel :
🡺 la répartition des femmes et des hommes artistes dont le travail a été présenté pendant la saison 2019/2020 ;
🡺 la répartition des femmes et des hommes au sein des équipes et notamment du type de profession que chacun·e occupe.

Les données présentées ici sont relatives aux programmations spectacle vivant et musiques actuelles – avec plus de 750 évènements étudiés – ainsi qu’au Arts Visuels avec une quarantaine d’expositions temporaires analysées.

La part des femmes atteint à peine 1/3 des artistes représenté·es peu importe la fonction qu’ils ou elles occupent au sein de l’élaboration du projet (directeur·trices artistique ; autrices ou auteurs ; artistes exposé·es, lead d’un concert de musiques actuelles, etc.).

Cette répartition vaut pour l’ensemble des structures étudiées qu’elles soient labellisées, conventionnées ou non. Il convient tout de même de noter que les structures qui ne font pas l’objet d’une convention avec l’Etat sont celles qui ont le plus de femmes directrices artistiques ou autrices dans leur programmation.

🡺 Dans le spectacle vivant et les musiques actuelles, sur l’ensemble des structures étudiées, 80% d’entre elles ont programmé moins de 33% de femmes lors de la saison 2019-2020 :

  • Aucune femme à la direction artistique des Opéras ;
  • Pour le théâtre et la danse, il y a seulement 1/3 de femmes directrices artistiques ; 
  • Les chiffres sont similaires voire inférieurs s’agissant des autrices
  • Les femmes ne représentent même pas 1/5e des artistes lead (musiques actuelles) ; 
  • Les femmes directrices artistiques et/ou autrices sont deux fois plus nombreuses dans les spectacles à destination du jeune public ; 
  • Sur scène, les femmes sont toujours minoritaires sauf dans le cas où la direction artistique du projet est assurée par une femme

🡺 Dans le secteur des arts visuels, les proportions sont un peu plus égalitaires avec un peu plus d’1/3 de femmes artistes exposées, cependant plus la durée d’exposition est longue plus les femmes s’évaporent

🡺Concernant l’emploi permanent dans les structures étudiées (spectacle vivant & musiques actuelles et arts visuels) :

  • 1/3 de femmes occupent les fonction de direction et/ou programmation dans le spectacle vivant et les musiques actuelles. Elles sont 43% dans les arts visuels
  • La répartition par pôle de métiers confirme les stéréotypes avec une part plus importante de femmes que d’hommes dans le pôle communication, relations publics et billetterie alors que les fonction de direction technique sont assurées uniquement par des hommes dans le spectacle vivant et les musiques actuelles
Publié le

Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication – Ministère de la Culture (2022)

À l’occasion de la Journée internationale du Droit des femmes, le 8 mars 2022, le Ministère de la Culture a publié la dixième édition de son Observatoire sur l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. En 2017, le Ministère de la Culture a été labellisé Diversité et Égalité professionnelle par l’AFNOR. L’Observatoire de l’égalité de ce Ministère, établi sur la base de quelques centaines d’indicateurs, est « reconnu comme un outil unique en son genre au niveau européen et mondial ».  

Cet Observatoire de l’égalité est accompagné, depuis 2018, d’une feuille de route qui présente, entre autres, le renforcement de la prise en compte des enjeux de l’égalité dans la conduite des politiques culturelles. L’égalité femmes-hommes, grande mesure du « Quinquennat Macron », fait d’ores et déjà partie des annonces des candidats à la présidentielle 2022. 

Malgré les nombreux progrès réalisés en la matière encore beaucoup d’inégalités perdurent dans le milieu culturel. Pour les femmes, il est encore trop difficile d’occuper dans les Arts et la Culture toute la place qui leur revient. En effet, si les femmes sont majoritaires sur les bancs de l’enseignement supérieur « Culture », cet Observatoire de l’égalité fait état d’encore trop grandes disparités. Ces inégalités se font ressentir dans toutes les branches du milieu culturel notamment dans l’accès aux moyens de production, dans la programmation ou encore dans l’absence (quasi) totale de consécration des femmes aux concours et distinctions artistiques. 

Vous pouvez retrouver l’Observatoire dans son intégralité en cliquant sur le lien suivant : https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/284302.pdf

Publié le

[Note d’Analyse] Se saisir des droits culturels pour faire avancer l’égalité femmes-hommes dans la culture – Opale/Cécile Bonthonneau (2021)

Cette note d’analyse est le fruit d’une collaboration entre plusieurs acteur.ices du champ culturel :

D’une part l’association Opale (Opale – Association Opale) qui soutient les associations culturelles du champ de l’économie sociale et solidaire dans leur développement et anime une mission de Centre de Ressources pour le DLA (Dispositif Local d’Accompagnement).

D’autre part, la chercheuse, spécialiste des politiques publiques de la culture et militante pour l’égalité femmes-hommes Cécile Bonthonneau. Elle est également fondatrice de la structure Pluségales (PLUS EGALES) qui assure des missions de conseil et de formations auprès des acteurs et actrices de la culture au sens large afin de sensibiliser aux enjeux d’égalité de genre et développer des politiques et bonnes pratiques professionnelles en ce sens.

Ce texte rédigé par Mme Bonthonneau offre une réflexion sur les politiques culturelles articulant droits culturels et questions de genre ; deux prismes d’analyse rarement pensés de manière commune mais pourtant complémentaires.

L’autrice commence par rappeler les travaux à l’origine des chantiers des droits culturels et de l’égalité femmes-hommes, respectivement le rapport de Fribourg et le rapport Reine Prat. Ces textes fondateurs ont permis de repenser la conception des politiques culturelles et leur verticalité et ont mis en exergue les enjeux de participation et d’égalité dans ce secteur.

La définition des droits culturels pose comme principe la nécessité d’une diversité culturelle, qui remet en question l’idéologie très ancrée en France d’universalisme. Ce dernier tend à sacraliser certaines œuvres et à les rendre « dignes » d’être vues et partagées, tandis que le concept de diversité culturelle cherche à inclure et favoriser toutes les voix et formes d’expression sans hiérarchie. En ce sens, les droits culturels englobent les questions d’égalité de genre puisque la participation artistique des femmes, en tant que groupe social, est invisibilisée et silenciée au même titre que d’autres minorités.

Les droits culturels nous invitent à repenser la soi-disant neutralité des politiques publiques ainsi que nos propres représentations liées au genre. La culture occupe une place toute particulière à cet endroit en ce qu’elle est une fabrique des normes sociales et des savoirs ; ainsi l’enjeu de lutte contre la perpétuation de ces représentations biaisées et des inégalités est d’autant plus important. Garantir l’accès, la visibilité et la reconnaissance du travail des femmes dans ce secteur d’activité est indissociable du respect des droits humains.

Ce chantier, au-delà de son importance sociale et idéologique, revêt également un caractère d’urgence lorsqu’il s’agit de violences sexistes et sexuelles. L’invisibilisation des femmes et la censure de leurs récits obstruent le regard et de ce fait l’identification du problème des violences machistes qu’elles subissent quotidiennement dans leurs parcours.

Cécile Bonthonneau défend ici l’idée que les droits culturels puissent être une porte d’entrée pour l’émancipation des femmes, et réciproquement la question de l’égalité de genre doit faire partie intégrante et nourrir les politiques des droits culturels.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’étude en cliquant sur le lien suivant : 2021_opale_crdla_plusegales_genre_et_droits_culturels.pdf

Publié le

[Enquête] L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la culture en Nouvelle-Aquitaine – Chiffres Clés (2021)

L’Agence culturelle Nouvelle-Aquitaine produit pour la première fois une étude à l’échelle régionale sur la place des femmes dans le secteur de la culture. Bien que d’autres données statistiques aient vu le jour au cours des dernières années, cette étude revêt une importance particulière en ce qu’elle résulte d’une concertation entre différents acteurs régionaux et a pour vocation d’être, au-delà d’une observation factuelle des inégalités, une démarche militante conduisant à des actions concrètes.

Cette étude s’inscrit dans un chantier de longue haleine que viendront alimenter d’autres données actualisées afin de réaliser des comparaisons sur le long terme. D’autres préoccupations sont également au cœur de l’initiative de l’Agence qui s’interroge sur la place des minorités, la pertinence des méthodes de calcul et notamment des données qualitatives etc.

Ce travail reprend dans son introduction quelques définitions essentielles à la compréhension des enjeux dont il traite. On y retrouve des termes tels que : « égalité professionnelle », « diversité » ou encore « éga-conditionnalité », levier important pour avancer vers l’égalité car il s’agit d’un mécanisme d’attribution des financements publics qui consiste à les subordonner à des critères d’égalité entre les femmes et les hommes.

L’étude rassemble un grand nombre d’indicateurs en insistant particulièrement sur les formations ainsi que les écarts de salaires. Dans ce domaine, on observe une nette différence de rémunération dans toutes les filières de la culture en région Nouvelle-Aquitaine entre les femmes et les hommes, ces derniers gagnent :

  • 17% de plus que les femmes dans le spectacle vivant
  • 21% de plus que les femmes dans les arts visuels
  • 39% de plus que les femmes dans l’édition écrite

La répartition de l’emploi en revanche est relativement bien équilibrée avec une parité presque parfaite : les femmes représentent 45% des salarié.es ayant une profession culturelle comme emploi principal pour l’année 2016. Ce chiffre est à nuancer selon la catégorie de métier où certaines disparités peuvent exister notamment dans l’intermittence ou encore selon le type de postes (comme les emplois techniques qui sont majoritairement occupés par des hommes).

L’étude se conclut sur une observation des subventions accordées par la DRAC aux équipes artistiques selon le genre de la personne qui la dirige. Nous pouvons en retenir qu’en 2019, les équipes artistiques dirigées par des hommes reçoivent 55% de plus que celles dirigées par des femmes soit 32 000 euros de plus en région Nouvelle-Aquitaine.

L’ensemble de l’enquête contient des points de comparaison avec les chiffres nationaux afin de contextualiser les résultats observés en région.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’étude en cliquant sur le lien suivant : L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans la culture – L’A. Agence culturelle Nouvelle-Aquitaine (la-nouvelleaquitaine.fr)

Publié le

[Enquête] Où sont les femmes dans les programmations de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ? (2021)

HF AURA a souhaité via cette enquête et ce comptage des inégalités au sein de sa région, montrer la progression notable mais toutefois très lente de l’égalité femmes-hommes dans le secteur des arts et de la culture depuis les premiers constats affligeants du rapport Reine Prat en 2006. 

Son ambition est de créer une véritable prise de conscience sur les discriminations persistantes dans le secteur culturel et d’y mettre un terme en mobilisant tous les acteurs impliqués dans leur perpétuation (professionnel.les de la culture, pouvoirs publics, établissements d’enseignement etc.). Particulièrement dans ce contexte de ralentissement des activités culturelles, l’association HF AURA et l’ensemble des collectifs régionaux HF souhaitent que la reprise post-covid se fasse avec les femmes et les autres minorités de genre.

Afin de donner un cadre au travail de recherches statistiques, l’enquête se concentre sur le secteur du spectacle vivant, le comptage a donc été effectué au sein des scènes de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ces dernières regroupent par exemple les Centres Dramatiques Nationaux ou Régionaux, les scènes nationales ou encore les scènes conventionnées.

Ces résultats montrent sur l’ensemble des scènes étudiées une écrasante majorité d’hommes à la mise en scène et dans l’écriture des textes (en ce qui concerne les théâtres). Les disparités se résorbent toutefois légèrement en ce qui concerne l’interprétation, donc la présence des artistes sur scène, dont la répartition femmes-hommes se rapproche de la parité dans beaucoup de structures.

A titre de repère du niveau d’inégalités qui résulte de ce comptage, nous pouvons retenir qu’au sein de l’édition 2020 des Nuits Fourvière, festival de spectacle vivant incontournable de la région, 75% des représentations ont été mises en scène par des hommes. De la même manière, 82% des textes en représentation au théâtre Les Célestins en 2020 ont été écrits par des hommes.

L’étude s’intéresse ensuite à la répartition des subventions et plus précisément au fonds d’urgence pour le secteur culturel  mis en place par la Ville de Lyon à la suite du premier confinement. Un peu plus d’ 1.300.000 euros d’aide ont été accordés à des structures dirigées par des hommes contre 300.000 euros à des structures dirigées par des femmes. Il est à noter que davantage de structures dirigées par des hommes ont fait la demande auprès de la municipalité, cependant l’écart reste très important lorsque rapporté au montant par structure.

HF AURA conclut ce dossier statistique en préconisant une meilleure définition et un réel chiffrement des objectifs d’égalité. Cela passe notamment par leur inscription dans les cahiers des charges des institutions culturelles, l’imposition de la parité dans les instances de décision ainsi que le conditionnement des subventions à l’atteinte de ces objectifs.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’étude en cliquant sur le lien suivant : 6bb757_29ba4f5be2ec4a9e9efacd957023993b.pdf (filesusr.com)

Publié le

[Enquête] Égalité Femmes-Hommes dans les Arts de la rue ? Sortons les chiffres (2019)

Cette enquête a été menée par une commission composée de quatre fédérations régionales des Arts de la Rue : AURA (Auvergne-Rhône-Alpes), Grand’Rue (Nouvelle-Aquitaine), FéRue (Île-de-France) et Ministère de la Ruépublique (Normandie).

Cette commission vise à déconstruire les représentations genrées dans la création artistique et l’emploi. Pour ce faire, elle se fixe plusieurs axes de travail avec comme point de départ la nécessité d’observer, de compter les inégalités afin de pouvoir communiquer autour de ces problématiques auprès des institutions, des professionnel.les de la culture mais également des publics. En fournissant des données propres au domaine des arts de la rue, la présente enquête participe aux efforts d’objectivation des inégalités et de veille statistique nécessaires à la lutte contre ces discriminations.

Sur l’ensemble des 4 régions étudiées, seuls 29% des compagnies (parmi un peu plus de 400 comptées) ont une femme comme responsable artistique. Par ailleurs, les compagnies dirigées par des hommes se voient plus fréquemment accorder des subventions de la part des pouvoirs publics (DRAC*, Conseils régionaux). Ces aides financières sont plus importantes lorsqu’elles sont attribuées à des compagnies dirigées par des hommes.

A titre d’exemple : pour la région Auvergne-Rhône-Alpes sur l’année 2019, 1 compagnie dirigée par 1 ou des femmes reçoit 50 000 euros. 4 compagnies dirigées par des hommes reçoivent 367 000 euros soit 91 750 euros en moyenne de la part de DRAC dans le cadre d’un conventionnement.

Ce double standard dans la reconnaissance institutionnelle du travail féminin est également visible dans les CNAREP**, dont seulement 36% sont dirigés par des femmes, et au sein des festivals qui bénéficient de leur soutien dont la programmation n’accueille que 24% de femmes.

*Direction Régionale des Affaires Culturelles
**Centres Nationaux des Arts de la Rue et de l’Espace Public

Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’enquête en cliquant sur le lien suivant : egalite-femmes-hommes-dans-arts-rue-sortons-chiffres-2019-haute-def.pdf (federationartsdelarue.org)