Comme chaque année, lors de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le Ministère de la Culture a publié la 12ème édition de son Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication.
Cet observatoire édité tous les ans s’érige en outil indispensable afin de mesurer les progrès, mais aussi la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes dans le milieu culturel. Cette année, l’étude est basée sur plus de 700 indicateurs, et permet ainsi d’analyser des phénomènes aussi divers que le fonctionnement interne et la composition des équipes, la rémunération, les programmations, les aides accordées, ou encore la visibilité des artistes. Si de réels progrès sont constatés au sein de cette nouvelle édition, ils sont pour autant loin d’être homogène selon les disciplines.
Depuis les débuts de cet observatoire, le constat que les femmes sont majoritaires sur les bancs des écoles de l’enseignement supérieur de la culture a sans cesse été réitéré. C’est toujours le cas pour cette édition : les femmes représentent 63% des étudiant.es dans ce secteur. Il y a peu de différence dans l’accès au premier emploi pour les diplômé.es : le taux d’insertion est de 92% pour les femmes et 94% pour les hommes. Pourtant, malgré ces chiffres, les femmes sont légèrement sous-représentées au sein des professions culturelles : en 2020, elles représentent 46% des effectifs. De plus, même si les écarts de salaires se réduisent peu à peu, dans onze secteurs sur douze la situation reste défavorable pour les femmes en termes de salaire. Par ailleurs, si de plus en plus de femmes occupent des postes de direction (trois des cinq postes de présidence des entreprises de l’audiovisuel occupés par des femmes), elles restent largement minoritaires aux postes de directions des structures de la création artistique (FRAC, CDN, CCN, Opéras, SMAC, …).
En ce qui concerne la programmation, les œuvres des femmes restent moins visibles, moins acquises et moins programmées que celles des hommes : les femmes réalisent en moyenne 40 % des représentations programmées en 2023-2024 dans le secteur du spectacle vivant ; sur environ 1 900 représentations d’opéra, une sur quatre est mise en scène par une femme au cours de la saison 2023-2024 et les femmes réalisatrices de longs-métrages restent minoritaires (30 %).
Pour ce qui est de l’accès aux moyens de production, parmi les disciplines du spectacle vivant, 45 % des équipes récipiendaires sont dirigées par des femmes et elles ne touchent que 38 % des montants totaux d’aides. L’écart se creuse pour la musique : 19 % d’aides et 15 % des montants accordés aux femmes. Enfin, dans le domaine du cinéma, en 2022, sur les 58 projets bénéficiant de l’avance sur recettes du Centre national du cinéma et de l’image animée, 28 % ont été réalisés par des femmes.
Les femmes sont également moins récompensées. Depuis 1976, seulement 8 % des films primés aux Césars ont été réalisés par des femmes, mais aucun de 2010 à 2023. La situation est peu favorable pour la musique également : 10 % d’artistes femmes seulement ont été primées aux Victoires de la musique du meilleur album depuis 1985. De 2020 à 2023, la part des femmes sélectionnées aux Molières est de 39 % parmi les metteuses et metteurs en scène et de 50 % parmi les auteurs et autrices. De 2012 à 2019, les prix de photographie emblématiques ont été attribués pour 32 % en moyenne à des femmes. Le livre est l’un des secteurs où l’on s’approche de l’égalité sous certains aspects : les femmes sont bien représentées parmi les lauréates et lauréats des grands prix littéraires (Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié, etc.). On y compte ainsi 54 % de femmes de 2020 à 2023.