Les témoignages récents qui dénoncent les violences sexuelles et sexistes dans les arts et la culture se multiplient, notamment ceux d’Adèle Haenel et de Valentine Monnier, et obligent les pouvoirs publics, dont le ministère de la Culture, à agir. Le Mouvement HF, association qui lutte pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les arts et la culture, dénonce, avec d’autres et depuis son origine en 2008, un système d’oppression institutionnalisé des hommes sur les femmes, une culture du viol et un écosystème sexiste qui persistent du fait d’une réelle omerta. Nous sommes écœuré·e·s de recueillir quotidiennement des cas de violences sexuelles et sexistes dans tous les secteurs des arts et de la culture et nous avions déjà interpellé le ministère de la Culture et les pouvoirs publics en juillet et septembre derniers. Dans la Culture, la domination masculine, qui génère ces violences, persiste dans les directions, les régies, sur les plateaux de théâtre, de cinéma, de danse, de musiques… Les violences sexistes et sexuelles s’abritent souvent derrière le « talent » ou la liberté de création, laissant libre cours à des méthodes de travail scandaleuses et illégales. Le metteur en scène qui oblige la comédienne à se mettre nue ou à embrasser un partenaire alors qu’elle ne le veut pas. Le chorégraphe qui touche les corps des interprètes de façon inappropriée lors de répétitions. Le coach scénique qui exige de la musicienne une posture aguicheuse ou sexuelle sur scène alors que ce n’est pas l’image qu’elle veut donner d’elle. L’enseignant qui a des gestes ou des propos inappropriés envers une élève ou une étudiante. L’organisateur d’un tremplin dont le jury est exclusivement constitué d’hommes… Depuis deux ans, les affaires de violences sexuelles et sexistes se multiplient mais la plupart restent classées sans suite ou déboutées par la justice, dans un climat d’inertie institutionnelle toxique. Pire encore, rattaché au ministère de la Culture et membre du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, un haut fonctionnaire pervers a pu agresser impunément plus de 200 femmes pendant 10 ans sans que les autorités ne les écoutent ni n’interviennent (Libération, 8 novembre 2019). Le Mouvement HF est las des déclarations d’intention ou de la compassion médiatique du ministre de la Culture. C’est pourquoi le Mouvement HF : – Apporte son soutien à toutes les paroles de victimes qui dénoncent ces violences, – Demande une audition au ministre de la Culture pour exiger la mise en place d’un véritable plan de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans les arts et la culture sur la base des propositions des syndicats et organisations professionnelles, – Demande l’application du principe de précaution et du concept de faisceau d’indices concordants, par le retrait provisoire d’un directeur mis en cause et via une clause incluse dans les conventions d’objectifs, – Demande la mise en place d’une cellule d’écoute et d’accompagnement juridique doublée d’une cellule d’enquête élargie au secteur subventionné, – Appelle à manifester le samedi 23 novembre 2019 contre les violences sexuelles et sexistes. Les associations et collectifs de la Fédération interrégionale du Mouvement HF |
Rendez-vous le samedi 23 novembre pour la marche contre les violences sexistes et sexuelles à 14h Paris, place de l’Opéra ! |
Contact : Anne GRUMET, présidente du Mouvement HF, membre experte du HCE : 06 24 98 40 68 Attachée de presse : Valérie BRIGNIER : 06 83 54 74 14 |
POUR ALLER PLUS LOIN L’article d’HF Bretagne sur les Violences sexistes et sexuelles La prise de parole d’Adèle Haenel L’intervention d’Iris Brey Le témoignage d’Emily GonneauL’enquête de Libération Le volumineux et rigoureux dossier de Mediapart sur les violences sexuelles dans le spectacle La plateforme de signalement des violences sexistes et sexuelles du Ministère de l’Intérieur |
Catégorie : ACTIONS
Édito 2019

Les Journées du Matrimoine s’imposent comme un rendez-vous incontournable en Normandie !
Peut-être même, parlerons-nous enfin bientôt des « Journées du Patrimoine et du Matrimoine », afin d’instaurer sur ses deux pieds d’égalité notre héritage culturel commun.
Car le mot « Matrimoine », doit-on encore le rappeler, n’est pas un néologisme, mais existait bel et bien par le passé. Il apparaît en 1155 en ancien français et désigne au départ les biens matériels et maternels, alors hérités de la mère. Dès 1405, il est utilisé par Christine de Pizan au sens d’héritage culturel des femmes dans son livre La Cité des dames. Il est donc désormais indispensable de réhabiliter ce terme évincé, pour valoriser la succession des femmes de notre histoire collective.
Ne pas écarter un pan entier de notre histoire collective ni ses créatrices ou chercheuses, souvent précurseuses, voilà l’une des ambitions du Mouvement HF qui œuvre pour l’égalité entre les femmes et les hommes dans les secteurs des arts et de la culture.
HF Normandie élargit donc encore cette 3ème édition des Journées du Matrimoine 2019 pour sensibiliser à ces enjeux tous les publics, jeunes et moins jeunes, et leur offrir une nouvelle occasion de découvrir ou de redécouvrir l’œuvre des grandes figures féminines de notre histoire régionale, nationale ou internationale.
Car les femmes artistes, autrices, intellectuelles, sont nombreuses. Tout comme celles qui créent aujourd’hui et constitueront demain notre Matrimoine.
Pour atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes il est nécessaire d’agir à tous les niveaux, en faveur d’une société plus juste et plus démocratique, soucieuse de ne pas discriminer la moitié de notre humanité.
Les femmes artistes et créatrices contemporaines ne veulent plus attendre encore des années que leur talent soit reconnu, que les moyens qui leurs sont alloués soient équivalents à ceux de leurs pairs, au risque, comme leurs aînées, d’être encore évincées, oubliées, invisibilisées.
Avec l’ensemble de nos précieux partenaires, nous vous proposons cette année 56 projets artistiques et culturels dans 44 lieux des 5 départements de Normandie.
Un programme varié, accessible à tout·e·s, qui prouve combien les femmes ont su produire ou créer et qu’elles inspirent ou suscitent de nombreuses et riches productions.
Parmi elles, sont notamment mis à l’honneur et en lumière :
- Le parcours et l’œuvre de la rouennaise Juliette Billard, première femme architecte à être reçue et diplômée de l’école nationale des Beaux-Arts ;
- Les recherches des femmes scientifiques évincées par « l’effet Matilda » ;
- Des concerts pour célébrer la musique de Mel Bonis ou Amy Beach à Jeanne Added, une conférence de Sophie Rosemont pour mettre en lumière la place des femmes dans les musiques actuelles ;
- Plusieurs expositions autour des œuvres de Berthe Morisot, Louise Bourgeois, Sonia Delaunay, Yvonne Guégan jusqu’à Léa Colin, Lou Parisot ou Marie-Margaux Bonamy ;
- Des textes d’autrices et de poétesses, d’Olympe de Gouges à Claire de Duras ou Colette ;
- Des portraits de femmes célèbres ou anonymes dans toutes leurs diversités, en images, en musique, en paroles.
Expositions, spectacles, concerts, visites guidées, lectures, conférences, projections … autant de propositions à découvrir, partout en Normandie.
Belles JDM 2019 à toutes et tous en Normandie !
L’équipe d’HF Normandie
Rozenn Bartra, Valérie Diome, Anne-Sophie Pauchet, José Sagit et Nadia Sahali.
Coordination : Faustine Le Bras
et les bénévoles de l’association.
Matrimoine de Rouen : dévoilement de plaques commémoratives
Saviez-vous que Simone de Beauvoir a vécu à Rouen et enseigné au lycée Jeanne d’Arc? Ce même lycée où étudiait Denise Holstein en 1943 quand elle a été déportée avec toute sa famille.
Connaissez-vous Amélie Bosquet, autrice contemporaine de Flaubert qui a écrit notamment sur la condition des ouvrières de Rouen ?
A l’occasion des Journées du Matrimoine en Normandie, la visite commentée et théâtralisée « Rouen au féminin… ! » (proposée par la compagnie du P’tit Ballon en association avec Les balades rouennaises) leur a rendu femmage.
A l’issue de la déambulation, une spectatrice s’est étonnée que les résidences de ces femmes illustres ne soient pas identifiées dans la ville. Suite à cette interpellation citoyenne, la Ville de Rouen a décidé la pose de plaques commémoratives sur les immeubles où ont séjourné Amélie Bosquet, autrice (1815-1904), Denise Holstein, rescapée d’Auschwitz (née à Rouen en 1927) et Simone de Beauvoir, philosophe et femme de lettres (1908-1986).
Désormais et de manière pérenne leur appartenance au Matrimoine et à l’héritage culturel rouennais est connu de tout.e.s !
Le samedi 9 mars, venez célébrer la pose de plaques commémoratives sur les immeubles où ces femmes exceptionnelles ont vécus dans une joyeuse déambulation théâtrale et musicale !
RDV à 14h au Square Verdrel (côté rue Jeanne d’Arc) à Rouen.
Dans le cadre de « Rouen donne des Elles« .
En partenariat avec la Ville de Rouen, HF Normandie, la cie du P’tit ballon et Les balades rouennaises.