La quatrième édition de l’Observatoire de l’égalité entre les genres dans les arts et la culture en Normandie vient de paraître !
Dans le sillage des précédentes éditions, l’association HF+ Normandie s’est attachée à étudier différents pans des inégalités entre les femmes et les hommes dans le secteur culturel :
- La répartition genrée des artistes présent·es dans les programmations de la saison 2023/2024 ;
- La répartition femmes/hommes dans les équipes des établissements culturels et notamment le type de poste occupé par chacun·e ;
- La répartition genrée des moyens de production et de diffusion alloués dans le spectacle vivant.
Cette année, l’étude comporte un état des lieux de la prise en compte du fléau des violences sexistes et sexuelles (VSS) par les structures culturelles de Normandie, comprenant des données chiffrées et des entretiens sociologiques, et explorant des pistes de travail afin de les éradiquer.
Les données présentées ici sont relatives aux programmations de 264 structures du secteur du spectacle vivant et musiques actuelles – avec plus de 2308 évènements étudiés – et des arts visuels avec près de 154 expositions temporaires analysées.
🡺 Des chiffres stables voir légèrement en hausse dans le spectacle vivant : on atteint enfin le seuil de 33% de femmes à la direction artistique sur l’ensemble des programmations des structures étudiées (en hausse de 2 points par rapport à 2022). Seuls 30% des auteur·ices sont des femmes avec de grandes disparités selon les disciplines.
On constate que les inégalités s’intensifient selon les disciplines artistiques ou les types de spectacles :
- Première fois que les femmes apparaissent dans l’Opéra avec 9% de femmes directrices artistiques, mais toujours aucune femme autrice ;
- Toujours plus présentes en danse et lecture (respectivement 45% et 38% à la direction artistique), les femmes restent très présentes également dans les spectacles jeune public, malgré une baisse conséquente du nombre de femmes autrices dans ce domaine (en baisse de 12 points) ;
🡺 Dans les arts visuels, les chiffres sont en hausse avec 38% de femmes exposées, contre 32% en 2022. On observe que cette hausse touche particulièrement les expositions collectives mais n’affecte pas les expositions monographiques. On observe également une différence majeure de la présence des femmes selon la durée de l’exposition, plus la durée d’exposition augmente, plus la part des femmes baisse.
🡺 Concernant l’emploi permanent dans les structures étudiées :
- Cette année encore, les femmes sont moins nombreuses à la direction d’établissement dans le spectacle vivant, et lorsqu’elles le sont, dirigent des structures moins bien dotées ou de moins grande ampleur. De la même manière dans les arts visuels et les musées, les postes hiérarchiquement plus élevés et valorisés sont occupés par des hommes, on observe d’ailleurs une grande baisse de la part des femmes à la direction (moins 15 points) ;
- La répartition par pôle de métiers confirme les stéréotypes de genre avec une part majoritaire de femmes dans les fonctions associées au lien social comme : la communication, les relations avec les publics et la billetterie. Alors que les fonctions techniques sont assurées presque uniquement par des hommes.
🡺 Un focus sur l’éga-conditionnalité permet de questionner plus finement l’égalité réelle dans le spectacle vivant et l’enjeu des moyens alloués aux projets artistiques selon le genre.
- Grâce à la collaboration de l’ODIA Normandie, de la Scène Nationale le Tangram, du Centre National des arts de la rue et de l’espace public l’Atelier 231, du Centre Dramatique National de Normandie-Rouen et du Centre chorégraphique national du Havre Normandie le Phare, l’étude dessine les contours des inégalités financières auxquelles font face les artistes femmes. Depuis 2022, les aides ou apports à destination des équipes artistiques féminines ont fortement augmenté, bien qu’elles soient toujours en moyenne moins nombreuses et moins conséquentes.
Pour les aides à la diffusion, on constate également que les femmes ont tendance à déposer moins de dossiers de demandes d’aides que leurs homologues masculins.
Afin de résorber encore plus ces écarts, les questions de répartition et de légitimité sont à travailler, bien qu’on remarque une forte évolution des apports alloués aux artistes femmes par certaines structures.
🡺 Un focus sur la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans les structures culturelles permet d’établir un état des lieux de la prise en compte du fléau des VSS par les structures culturelles de Normandie et de proposer des pistes collectives et partagées afin de les éradiquer. La méthodologie s’est articulée autour de deux axes : une collecte de données chiffrées permettant de mesurer la prise en compte des politiques de prévention et de lutte contre les violences au sein des structures et le recueil de paroles et d’expériences de salarié·es, afin d’éclairer la réalité vécue sur le terrain et de compléter les chiffres par une dimension qualitative essentielle.
- 90% des structures labellisées considèrent que les VSS constituent un enjeu pertinent.
- Les structures ne considérant pas les VSS comme un problématique sont à 86% des structures d’art visuel et à 14% des structures de musiques actuelles. Souvent perçue comme éloignée de leur réalité, la question reste peu traduite en actions concrètes.
- Pour le total des structures ayant répondu au questionnaire, 72% des salarié·es sont informé·es de leurs droits et devoirs et 62% des structures ont mis en place des actions de formations. La formation favorise la prise de conscience, l’engagement et la responsabilité face aux VSS.
- La principale difficulté identifiée concerne la mise en œuvre des protocoles de signalement
et de traitement des VSS. La communication auprès des équipes reste limitée : seulement 41% des structures
ont transmis ces informations, la majorité étant encore à l’étape de rédaction du protocole de traitement
et de signalement et de désignation du ou de la référent·e.
Notre étude souligne 4 pistes pour éradiquer à long terme ce fléau dans les structures culturelles : Faire évoluer la culture professionnelle, renforcer la formation obligatoire et continue, renforcer la mutualisation régionale et accompagner les victimes.


