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[Compte-rendu] Rapport de la commission d’enquête relative aux violences sexistes et sexuelles commises dans le secteur culturel

Ce mercredi 9 avril 2025, la commission d’enquête présidée par Sandrine Rousseau a publié son rapport sur les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité. De nombreux témoignages poignants ont été recueillis et partagés, démontrant la nécessité de mieux prendre en compte les VSS, de prendre en charge les victimes, ainsi que de renforcer les réglementations et les dispositifs, afin de protéger les femmes et les mineur·es dans ce secteur.

Dans ce rapport, la commission d’enquête constate que “les violences morales, sexistes et sexuelles dans le monde de la culture sont systémiques, endémiques et persistantes.” En effet, il est expliqué que “dès l’école de théâtre, de radio ou de cinéma, on apprend aux jeunes – en particulier aux jeunes femmes –, ce qui les attend. On les y prépare d’ailleurs psychologiquement en perpétuant des techniques d’apprentissage dépassées, fondées sur une forme de maltraitance, morale ou physique dans le cas de la danse : c’est dans la douleur que l’on apprend.” La violence et la souffrance sont normalisées, et sont même idéalisées comme l’a expliqué l’actrice Anna Mouglalis lors de son audition : “souvent, les metteurs en scène cherchent chez les actrices ce que j’appelle une vulnérabilité charismatique. C’est une fragilité qui s’exprime même dans le silence. Elle est particulièrement sensible chez les survivantes – d’inceste, de viol. Cela explique que nous soyons très nombreuses à vivre ce continuum”.

La commission d’enquête fait part également de quelques statistiques de l’étude intitulée “Vécu et ressenti en matière de sécurité” (VRS). Nous y apprenons qu’en 2022 :

  • 54 000 femmes auraient été victimes de viol
  • 72 000 auraient été la cible d’une tentative de viol
  • 191 000 agressions sexuelles
  • 230 000 femmes auraient été victimes d’au moins une violence sexuelle physique durant l’année, au total”
  • “On estime à 1 million le nombre de cas de harcèlement sexuel visant des femmes durant l’année, contre 158 000 cas visant des hommes”.

Dans ce rapport, nous pouvons aussi retenir certaines citations accablantes provenant de récits anonymisés de victimes de VSS dans le secteur culturel : le harcèlement, ça n’existe pas, c’est comme MeToo, c’est un effet de mode”, tu ressembles à une actrice porno […] assise comme ça au milieu de la pièce, tu pourrais te faire gangbang par tout le monde ou encore tu as mouillé ta culotte avant de monter sur scène ?”. Malheureusement, les témoignages ne se résument pas qu’à ces derniers, les violences commises sont beaucoup trop nombreuses.

La commission constate également la situation alarmante concernant les violences fréquentes sur les mineur·es dans la culture. Parmi l’immense liste de témoignages, il y a le récit sur un “professeur de danse qui exige d’une enfant de 11 ans qu’elle ‘force’ la cambrure de ses pieds, jusqu’à les briser sous une armoire”, celui sur une “réalisatrice qui baisse de force le pantalon d’un enfant qui refuse de tourner en sous‑vêtements” mais aussi “cette réalisatrice qui rappelle à un enfant le décès de son père pour le mettre en condition avant une scène”, celui sur un “directeur de casting qui demande à une enfant de 13 ans de retirer sa culotte pour la faire tournoyer dans les airs” ou encore sur un “régisseur qui déclare à une actrice de 15 ans qu’il veut ‘lui faire l’amour dans les fesses”, et bien d’autres encore.

Dans ce rapport, la présidente de la commission d’enquête rappelle alors que “l’exception culturelle s’arrête là où le droit du travail commence et que l’art ou le talent ne pourront jamais excuser la commission de violences relevant du code pénal.” Il faut responsabiliser tous·tes les professionnel·les et les employeur·euses, afin de prévenir les VSS et d’assurer la sécurité de tous·tes.

L’audition du Mouvement HF+.

Pour la réalisation de ce rapport, la commission d’enquête a organisé 85 auditions et tables rondes, ce qui correspond à plus de 118 heures d’échanges. Parmi les 350 professionnel·les qui y ont participé, le Mouvement HF+ avec la représentante de l’assemblée collégiale de la fédération, Sarah Karlikow, ainsi que la représentante d’HF+ Hauts-de-France, Camille Pawlotsky

Ainsi, le Mouvement HF+ et HF+ Hauts-de-France ont participé à une audition avec d’autres associations et collectifs. Dans cette audition, la problématique de l’invisibilisation des femmes dans la culture a été présentée. En effet, ce déséquilibre, cette invisibilisation provoque des violences, comme l’a expliqué la représentante Camille Pawlotsky : “Invisibiliser un groupe de personnes, des individus ou des groupes, et valoriser la force représentative des dominants a une conséquence directe sur la répartition des pouvoirs. […] Lorsque l’on invisibilise les autres, ils deviennent des personnages secondaires, des personnes jugées indignes d’être valorisées […]. Si leur valeur est perçue comme mineure, elles deviennent des objets de possession, de violence, de manipulation, et subissent une répartition inégale des pouvoirs.” Sarah Karlikow a appuyé ses propos en ajoutant : “L’invisibilisation constitue également une forme de violence. Lorsqu’une femme crée une œuvre, réalise ou co-met en scène, et que seules les contributions masculines sont mises en avant dans les communications, c’est une violence en soi.

Elles ont notamment été entendues sur les ressorts de la minimisation des violences. En effet, les agressions sexuelles sont minimisées, elles ne sont pas assez prises au sérieux comme le témoigne Sarah Karlikow on accorde une grande attention aux blessures physiques, mais les agressions sexuelles sont minimisées, probablement en raison de notre société patriarcale. Les victimes finissent par elles aussi minimiser ce qu’elles ont subi, causé par “une certaine tolérance de la société à l’égard des violences.” Elles se pensent “chanceuses” de ne pas avoir subi “plus”, comme l’indique le rapport : “Très souvent, le premier mouvement de la victime est de considérer qu’elle a ‘de la chance’ d’être ‘seulement’ agressée et non pas violée.” Une animatrice radio témoigne de cet exact ressenti : “J’ai attendu presque deux ans avant de me décider à déposer plainte au commissariat. Je me disais que ce que j’avais vécu n’était pas si grave, que des femmes vivaient des choses bien pires et qu’on n’allait pas porter plainte juste pour une agression sexuelle.

Les facteurs de risque propices aux violences morales, sexistes et sexuelles.

Lors de la commission d’enquête, certains facteurs contribuant à la continuité des VSS ont été observés et cités. Parmi eux, nous pouvons notamment évoquer  :

  • La précarité

En effet, la situation fragile de certaines personnes, l’incertitude, l’instabilité professionnelle jouent un rôle sur le risque des violences morales, sexistes et sexuelles dans ces secteurs d’activité. Selon la vice-présidente de la Guilde des scénaristes, Ghislaine Pujol, la précarité est “un accélérateur d’agression car elle empêche les plaintes”. Les personnes les plus affectées par ce facteur seraient les jeunes puisqu’iels débutent dans le monde professionnel et font donc partis des plus précaires, comme il est souligné dans le rapport : “Les jeunes sont particulièrement sujets aux abus en tout genre, car ils font partie des personnes les plus précaires, ayant beaucoup à perdre s’ils refusent les propositions indécentes ou dénoncent les agressions qu’ils subissent.” De cette façon, “la crainte est forte, notamment pour les jeunes débutant dans le métier, de témoigner contre des personnes susceptibles de continuer à les faire travailler, ou de se créer la réputation de ‘faire des histoires’”. Selon les propos de Mélodie Molinaro, fondatrice et présidente de l’association Derrière le Rideau, la précarité a un rôle non-négligeable car elle joue une pression supplémentaire, poussant les victimes et témoins à garder le silence : “Qu’il s’agisse d’intermittents ou de salariés en contrats courts ne change rien : on nous répète à longueur de journée qu’on peut être remplacé si on n’accepte pas tout ce qu’on nous demande. Dans ce milieu, la précarité joue un rôle très important”.

  • La hiérarchie

La hiérarchie dans ces secteurs d’activité est également un facteur de risque, puisqu’avec la hiérarchie viennent aussi les rapports de force et les abus de pouvoir. Les personnes ayant une fonction plus haute peuvent exercer une autorité morale sur celles situées à des échelons inférieurs. De cette façon, “une organisation aussi hiérarchisée est un terreau rendant possibles des rapports de force et de domination, par conséquent des abus.” Le rapport souligne également que “la hiérarchie rigide va de pair avec la survalorisation de certaines fonctions, notamment celle du réalisateur, et la dévalorisation d’autres, par exemple les maquilleuses.” Les personnes abusives “disposent toujours d’un pouvoir ou d’une autorité sur les victimes”.

  • L’idéalisation de la figure du génie créateur, l’aura artistique

Dans la culture occidentale, la figure du génie créateur est idéalisée, on lui voue une grande admiration. Comme il est mentionné dans le rapport, “la valorisation du cinéaste-auteur lui confère la toute-puissance sur un plateau.” Le génie créateur et l’aura artistique sont donc mis sur un piédestal, et puisque sa création est sacrée : il faut tout sacrifier pour son profit, il faut se soumettre au génie créateur. Comme nous avons pu le voir dans le témoignage de l’actrice Anna Mouglalis, la souffrance est perçue comme une caractéristique nécessaire dans la conception artistique, elle est célébrée comme mentionné dans le rapport : “Cette conception a contribué à propager l’idée selon laquelle la douleur est une composante essentielle d’une créativité exceptionnelle.” Il faut se conformer à la volonté de l’auteur et de sa vision artistique. “De là également l’idée que, si les artistes avec lesquels le réalisateur travaille sont déjà abîmés, fêlés, c’est encore mieux, car cette blessure constitue un point d’entrée, une porte ouverte vers quelque chose d’authentique.” De cette manière, ils cherchent à “exploiter les failles des personnes travaillant sous leur autorité” et de là viennent les abus sous couvert de création artistique.

  • Absence de respect des conditions d’emploi des mineur·es

L’une des premières problématiques quant à l’absence de respect des conditions d’emploi des mineur·es, est celle des horaires de travail. En effet, il y a “un dépassement régulier du temps de travail légal pour les enfants” et il n’y a aucun contrôle derrière. Des feuilles de services sont falsifiées, on demande à des personnes exerçant comme scripte (comme dans le cinéma et audiovisuel) de tricher sur les horaires car les heures sont toujours dépassées. Or, les scriptes doivent rédiger des rapports quotidiennement, y compris sur les horaires, comme l’a témoigné une des personnes exerçant cette profession. Elle a également précisé que ces rapports sont censés faire preuve en cas de problème.

Il y a également la problématique concernant les situations à risques dans l’emploi des mineur·es. En effet, comme indiqué dans le rapport : “Dans de trop nombreux cas, il apparaît que des mineurs sont placés dans des situations à risque, notamment dans des scènes sexualisées.” Les mineur·es ne sont pas non plus entouré·es par des professionnel·les spécialisé·es, on ne leur procure aucune précaution, ce qui peut être un danger pour leur santé mentale et/ou physique, comme en a témoigné l’actrice Nina Meurisse, qui avait 10 ans lors au moment des faits : “Dans ce film, il y a une scène de viol. Je demande qui va jouer l’homme, et on me répond que la réalisatrice ne veut pas que je le rencontre avant. Je ne comprends pas pourquoi, mais apparemment ce sera mieux pour la scène… On m’explique que je dois marcher et qu’il me collera contre un arbre ; ce sera très simple. Silence, moteur, ça tourne ! Je vois arriver en courant un jeune acteur, qui me saute dessus, qui me prend la poitrine et qui essaie de me soulever la robe. On refera la scène plusieurs fois. J’ai donc 10 ans, je n’ai même jamais embrassé un garçon, je suis tétanisée.” On les manipule, on abuse de leur innocence, de leur angoisse et de leur détresse.

Les recommandations proposées dans le rapport par la commission d’enquête.

Pour la réalisation de ce rapport, la commission d’enquête a organisé 85 auditions et tables rondes, ce qui correspond à plus de 118 heures d’échanges. À l’issue de la commission, 86 recommandations ont été prononcées, voici quelques propositions formulées dans le rapport :

  • “Développer les actions de soutien à la création en direction des femmes.” (Recommandation n° 2)
  • “Poser le principe d’une interdiction de la sexualisation des mineurs à l’écran et dans les photos de mode, et définir une liste d’exceptions très limitatives.” (Recommandation n° 8)
  • “Accroître les moyens de la cellule Audiens pour élargir son périmètre afin qu’elle prenne en charge la totalité des violences, y compris les violences morales, élargir ses horaires et renforcer ses missions d’aide juridique et psychologique.” (Recommandation n° 10) 
  • Former l’ensemble des agents de sécurité placés au contact du public au risque de VHSS.” (Recommandation n° 15)
  • “Organiser régulièrement des contrôles des productions employant des enfants pour vérifier le respect des règles légales en matière de temps et de conditions de travail.” (Recommandation n° 17)
  • “Lancer un vaste plan de lutte contre les violences pédagogiques incluant tous les établissements et toutes les disciplines.” (Recommandation n° 26)
  • Rendre systématique le déclenchement d’une enquête et la réalisation d’actes d’investigation en cas de dépôt de plainte pour des faits de VHSS.” (Recommandation n° 32)
  • Rendre obligatoire la conduite d’enquêtes internes en cas de signalement de VHSS, y compris lorsque la relation de travail a pris fin.” (Recommandation n° 37)
  • “Inscrire dans tous les contrats de travail une clause interdisant toute sanction financière, retenue sur salaire ou demande de dommages et intérêts en cas de signalement de faits de VHSS.” (Recommandation n° 42)
  • Rendre obligatoire la présence du représentant légal d’un enfant de moins de 7 ans lors d’un casting, d’un tournage ou d’une représentation.” (Recommandation n° 75 )
  • Étendre l’obligation de présence d’un responsable enfant au spectacle vivant et au mannequinat.” (Recommandation n° 83)

Pour retrouver l’ensemble du rapport d’enquête sur les violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité, cliquez ici.

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[Compte-rendu] Étude sur la place des femmes dans la filière musicale | Edition 2025 – CNM

Ce jeudi 27 mars 2025, le Centre national de la musique (CNM) a organisé les Assises de l’égalité et de l’inclusion dans la musique, à Dijon. Cette année, une nouvelle édition de l’étude sur la Place des femmes dans la filière musicale a été dévoilée. Elle a pour objet les enjeux de rémunération et d’emploi dans la filière musicale et traite également de la présence des femmes dans la production, les médias et sur scène.

En 2024, la Sacem a réalisé un état des lieux de la représentation des femmes au sein de ses membres, concernant uniquement les créatrices vivantes au 31 décembre 2023. Voici les données retenues sur la rémunération et emploi des autrices et compositrices, selon la Sacem :

  • 18% des sociétaires Sacem sont enregistrés en tant que femmes (soit 34 324 créatrices, pour un total de 192 122 créateurs et créatrices).
  • 20 œuvres enregistrent au moins une participation féminine, parmi les 100 ayant généré le plus de droits Sacem (2023).
  • Seulement 1 œuvre a enregistré au moins une participation féminine, parmi les 10 ayant généré le plus de droits à l’export.

En ce qui concerne les données observées sur les revenus Sacem, nous pouvons remarquer que seulement 14% des 10 000 sociétaires Sacem ayant les revenus les plus élevés sont des femmes. Dans les tranches de revenus annuels perçus, il faut noter :

  • Les femmes représentent 16% des sociétaires ayant perçu moins de 500€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit une augmentation de 1,9% entre 2013 et 2023.
  • Les femmes représentent 16% des sociétaires ayant perçu entre 500€ et 2 000€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit une augmentation de 1,7% entre 2013 et 2023.
  • Les femmes représentent 15% des sociétaires ayant perçu entre 2 000€ et 20 000€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit une augmentation de 1,4% entre 2013 et 2023.
  • Les femmes représentent 11% des sociétaires ayant perçu plus de 20 000€ bruts de revenus Sacem en 2023, soit aucune évolution de la part de femmes entre 2013 et 2023.

Quant à l’évolution dans les statuts Sacem, celui “d’adhérent” représente 33 575 femmes (18% du total), celui de “professionnel” touche 468 femmes (15% du total), et celui de “définitif” correspond à 305 femmes (11% du total). Autrement dit, plus on monte dans les catégories, plus la part de femmes baisse.

En 2024, le CNM a accordé 452 bourses à l’écriture et à la composition, 15% d’entre elles ont été attribuées à des créatrices (66 dossiers), soit une augmentation de 4% comparé à 2023.

Des données de 2024, et des années antérieures, ont été communiquées par l’Adami (Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes). Nous y apprenons que 23% des artistes-interprètes musicaux ayants droit de l’Adami étaient des femmes en 2024, et 32% des artistes-interprètes musicaux qui ont été soutenus par leurs aides automatiques, en 2023, étaient des femmes.

En ce qui concerne la répartition des aides automatiques pour les spectacles vivants musicaux en 2024, nous pouvons noter :

  • Dans les projets de musique classique, 45% des aides sont versées à des femmes, contre 55% pour des hommes.
  • Dans les projets de musique actuelle et traditionnelle, 22% des aides sont versées à des femmes, contre 78% pour des hommes.
  • Dans les projets de jazz, 21% des aides sont versées à des femmes, contre 79% pour des hommes.

De plus, nous continuons d’observer des disparités concernant le nombre d’artistes-interprètes au sein des genres musicaux en 2024 :

  • 129 femmes contre 486 hommes dans le jazz.
  • 638 femmes contre 778 hommes dans la musique classique.
  • 407 femmes contre 1411 hommes dans la musique actuelle et traditionnelle.

Mais aussi en termes de représentations sur scène, ce qui montre que les femmes obtiennent moins d’opportunités de se produire :

  • En moyenne en 2024, 6,8 représentations pour une artiste-interprète, contre 7 pour un artiste-interprète dans le jazz.
  • En moyenne en 2024, 5,9 représentations pour une artiste-interprète, et également 5,9 pour un artiste-interprète dans la musique classique.
  • En moyenne en 2024, 10,6 représentations pour une artiste-interprète, contre 12,9 pour un artiste-interprète dans la musique actuelle et traditionnelle.

Nous pouvons constater une augmentation de 6% entre 2020 et 2024 dans la part des femmes artistes-interprètes de la musique qui se sont associées à l’Adami (21% en 2020 contre 27% en 2024).

Le groupe Audiens a collecté des données, pour la retraite complémentaire, sur des entreprises ayant “déclaré de l’activité dans l’édition musicale, l’édition phonographique, le spectacle vivant privé, et le spectacle vivant public, et qui déclarent leurs salariés en activité entre 2019 et 2023 à Audiens” (CNM).  De cette façon, en 2023 nous pouvons noter que 54% des femmes ont un emploi permanent (CDI ou CDD) dans l’édition musicale, 49% dans l’édition phonographique, 56% dans le spectacle vivant non subventionné, et 59% dans le spectacle vivant subventionné. Nous pouvons aussi constater qu’en 2023, 29% des femmes ont un emploi intermittent dans l’édition musicale, 29% également dans l’édition phonographique, 36% dans le spectacle vivant non subventionné, et 39% dans le spectacle vivant subventionné.

Selon l’étude menée par le CNM, dans la production phonographique parmi les leads hors instrumental, en France en 2023 : 30% des titres déclarés sont interprétés par un lead dit féminin, et 29% des titres produits et enregistrés sont interprétés par un lead dit féminin. Dans la production de clips parmi les leads hors instrumental, en France en 2023 : 26% des clips déclarés sont interprétés par un lead dit féminin, et 28% des clips produits et enregistrés sont interprétés par un lead dit féminin. Le genre du lead est déterminé à partir de la tonalité de la voix présente sur le titre.

En se penchant sur les aides versées par le CNM en 2023 pour la production phonographique, nous pouvons observer que dans la musique actuelle 20% des dossiers soutenus ont un lead féminin, soit une baisse de 3% comparé à 2019, et 43% pour la musique classique et contemporaine, soit une hausse de 26% comparé à 2019.

Dans les médias audiovisuels en France en 2023, nous pouvons remarquer que 50% des artistes diffusés sur un panel de 65 radios ont une tonalité féminine, soit une augmentation de 2% en comparaison avec 2022. Quant à la diffusion de clips sur un panel de 20 chaînes TV, 20% ont une tonalité féminine, soit une hausse de 1% par rapport à 2022. Sur ce même échantillon de chaînes, 23% des émissions musicales diffusées ont une tonalité féminine, soit aucune évolution depuis 2022. (Source: CNM, La diversité musicale en 2023)

En ce qui concerne les écoutes en streaming audio en 2023, 18% des titres présents au sein du Top 10 000 ont un lead avec une tonalité féminine, contre 71% pour ceux avec un lead avec une tonalité masculine. Parmi les playlists générées par les utilisateurs sur les plateformes de streaming audio, nous pouvons noter qu’il y a toujours une très forte présence des leads dit masculin avec 74%, contre 17% pour les leads dit féminin. Parmi celles générées par les plateformes, 71% ont une tonalité masculine contre 20% pour la tonalité féminine. (Source: CNM, La diversité musicale en 2023)

Sur la scène, pour établir leurs données sur 2023, ils se sont basés sur les représentations des festivals et des spectacles (hors festivals). De cette façon, nous pouvons constater qu’il y a toujours une grande majorité de leads masculins dans les représentations sur scène de musique actuelle et variété:

  • Une part masculine de 59% dans les festivals, contre une part féminine de 29%. (Source: CNM, étude sur l’économie des festivals en 2023)
  • Une part masculine de 49% dans les spectacles, contre une part féminine de 25%. (Source: CNM, les chiffres de la diffusion des spectacles de musiques actuelles et de variétés en France en 2023)

En se penchant sur les aides versées par le CNM en 2024 pour la promotion-diffusion, nous pouvons remarquer que 32% des dossiers soutenus ont un lead féminin, soit une hausse de 7% comparé à 2023, contre 51% de dossiers soutenus avec un lead masculin, soit une augmentation de 10% comparé à 2023.

Ainsi, nous pouvons observer que la filière musicale présente encore beaucoup de disparités quant à la place des femmes, bien qu’il y ait une légère amélioration à noter.

Pour télécharger l’étude complète, cliquez ici.

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[PUBLICATION] Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture en Normandie | Édition 2024 – Données 2022

La troisième édition de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture en Normandie vient de paraître!

Dans le sillage des deux premières éditions parues en 2022 et 2023, l’association HF+ Normandie s’est attachée à étudier différents pans des inégalités entre les femmes et les hommes dans le secteur culturel :

  • la répartition femmes/hommes des artistes présent·es dans les programmations de la saison 2022/2023
  • la répartition femmes/hommes dans les équipes des établissements culturels et notamment le type de poste occupé par chacun·e
  • la répartition genrée des moyens de production et de diffusion alloués dans le spectacle vivant

Cette année, l’étude comporte une enquête inédite sur l’accompagnement des musiciennes en Normandie, comprenant des données chiffrées et des entretiens sociologiques, et explorant des pistes de travail pour améliorer la place des femmes dans le secteur des musiques actuelles.

Les données présentées ici sont relatives aux programmations de 185 structures du secteur du spectacle vivant et musiques actuelles – avec plus de 1800 évènements étudiés – et des arts visuels avec près de 70 expositions temporaires analysées.

🡺 Des chiffres stables voir légèrement en baisse dans le spectacle vivant : seuls 31% de femmes à la direction artistique sur l’ensemble des programmations des structures étudiées (en baisse de 4 points par rapport à 2021).
Ces inégalités s’intensifient selon les disciplines artistiques :

  • Aucune femme directrice artistique à l’Opéra ;
  • Plus présentes en danse et lecture (respectivement plus de 40% et 50% à la direction artistiques), les femmes demeurent surreprésentées dans les spectacles jeune public ;
  • Seuls 30% des auteur·ices sont des femmes avec de grandes disparités selon les disciplines ;

🡺 Dans les arts visuels, les chiffres sont également en forte baisse avec seulement 32% de femmes exposées, contre 42% en 2021. On observe cette baisse indépendamment du type d’exposition (monographique ou collective) mais elle s’accroît davantage lorsque l’exposition est de courte durée (moins 34 points sur les expositions de moins de 2 mois).

🡺 Concernant l’emploi permanent dans les structures étudiées (spectacle vivant & musiques actuelles et arts visuels) :

  • Les femmes sont moins nombreuses à la direction d’établissement dans le spectacle vivant, et lorsqu’elles le sont, dirigent des structures moins bien dotées ou de moins grande ampleur. De la même manière dans les arts visuels, les postes hiérarchiquement plus élevés et valorisés sont occupés par des hommes ;
  • La répartition par pôle de métiers confirme les stéréotypes avec une part majoritaire de femmes dans les fonctions associées au lien social comme : la communication, les relations avec les publics et la billetterie. Alors que les fonctions de direction technique sont assurées uniquement par des hommes dans le spectacle vivant et les musiques actuelles.

🡺 Focus sur l’éga-conditionnalité : permet de questionner plus finement l’égalité réelle dans le spectacle vivant et l’enjeu des moyens alloués aux projets artistiques selon le genre.

  • Définition éga-conditionnalité : principe qui consiste à conditionner l’attribution des financements publics ou des autorisations administratives au respect des valeurs et pratiques égalitaires entre les femmes et les hommes ;
  • Grâce à la collaboration de l’agence ODIA Normandie, de la Scène Nationale le Tangram et du Centre Dramatique National de Normandie Rouen, l’étude dessine les contours des inégalités financières auxquelles font face les artistes femmes. Les aides ou apports sont en moyenne moins nombreuses et moins conséquentes à destination des équipes artistiques féminines. Les femmes ont par ailleurs tendance à déposer moins de dossiers de demandes d’aides que leurs homologues masculins.
    Afin de résorber ces écarts, les questions de répartition et de légitimité sont à travailler.

🡺 Focus sur l’accompagnement des femmes dans les musiques actuelles : permet d’interroger les ressentis et de comprendre les besoins des musiciennes.

Sur scène, les femmes représentent seulement 20% des artistes lead (en baisse depuis 2021) et sont globalement minoritaires.

Sur l’ensemble des lieux labellisés SMAC (Scènes de Musiques Actuelles) en Normandie, aucune ne dépasse le seuil des 33% de groupes avec lead féminin dans leurs programmations.

Elles ne représentent que 22% des artistes accompagné·es dans les dispositifs de l’agence NORMA en 2022. Leur présence en studio de répétition varie de 1% à 12%.

Beaucoup d’entre elles évoquent des environnements de travail sexistes, subissant commentaires graveleux et dévalorisation permanente. Elles sont 57% à avoir déjà été victimes ou témoins de violences sexistes et sexuelles (VSS).

Notre étude souligne 4 leviers pouvant résorber ces inégalités et améliorer la place des femmes dans ce secteur : l’adaptation des dispositifs d’accompagnement, la création d’un réseau d’artistes femmes, la construction d’une légitimité ainsi que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

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[Compte rendu] Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication 2024

Comme chaque année, lors de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le Ministère de la Culture a publié la 12ème édition de son Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. 

Cet observatoire édité tous les ans s’érige en outil indispensable afin de mesurer les progrès, mais aussi la persistance des inégalités entre les femmes et les hommes dans le milieu culturel. Cette année, l’étude est basée sur plus de 700 indicateurs, et permet ainsi d’analyser des phénomènes aussi divers que le fonctionnement interne et la composition des équipes, la rémunération, les programmations, les aides accordées, ou encore la visibilité des artistes. Si de réels progrès sont constatés au sein de cette nouvelle édition, ils sont pour autant loin d’être homogène selon les disciplines. 

Depuis les débuts de cet observatoire, le constat que les femmes sont majoritaires sur les bancs des écoles de l’enseignement supérieur de la culture a sans cesse été réitéré. C’est toujours le cas pour cette édition : les femmes représentent 63% des étudiant.es dans ce secteur. Il y a peu de différence dans l’accès au premier emploi pour les diplômé.es : le taux d’insertion est de 92% pour les femmes et 94% pour les hommes. Pourtant, malgré ces chiffres, les femmes sont légèrement sous-représentées au sein des professions culturelles : en 2020, elles représentent 46% des effectifs. De plus, même si les écarts de salaires se réduisent peu à peu, dans onze secteurs sur douze la situation reste défavorable pour les femmes en termes de salaire. Par ailleurs, si de plus en plus de femmes occupent des postes de direction (trois des cinq postes de présidence des entreprises de l’audiovisuel occupés par des femmes), elles restent largement minoritaires aux postes de directions des structures de la création artistique (FRAC, CDN, CCN, Opéras, SMAC, …). 

En ce qui concerne la programmation, les œuvres des femmes restent moins visibles, moins acquises et moins programmées que celles des hommes : les femmes réalisent en moyenne 40 % des représentations programmées en 2023-2024 dans le secteur du spectacle vivant ; sur environ 1 900 représentations d’opéra, une sur quatre est mise en scène par une femme au cours de la saison 2023-2024 et les femmes réalisatrices de longs-métrages restent minoritaires (30 %). 

Pour ce qui est de l’accès aux moyens de production, parmi les disciplines du spectacle vivant, 45 % des équipes récipiendaires sont dirigées par des femmes et elles ne touchent que 38 % des montants totaux d’aides. L’écart se creuse pour la musique : 19 % d’aides et 15 % des montants accordés aux femmes. Enfin, dans le domaine du cinéma, en 2022, sur les 58 projets bénéficiant de l’avance sur recettes du Centre national du cinéma et de l’image animée, 28 % ont été réalisés par des femmes.

Les femmes sont également moins récompensées. Depuis 1976, seulement 8 % des films primés aux Césars ont été réalisés par des femmes, mais aucun de 2010 à 2023. La situation est peu favorable pour la musique également : 10 % d’artistes femmes seulement ont été primées aux Victoires de la musique du meilleur album depuis 1985. De 2020 à 2023, la part des femmes sélectionnées aux Molières est de 39 % parmi les metteuses et metteurs en scène et de 50 % parmi les auteurs et autrices. De 2012 à 2019, les prix de photographie emblématiques ont été attribués pour 32 % en moyenne à des femmes. Le livre est l’un des secteurs où l’on s’approche de l’égalité sous certains aspects : les femmes sont bien représentées parmi les lauréates et lauréats des grands prix littéraires (Goncourt, Renaudot, Femina, Interallié, etc.). On y compte ainsi 54 % de femmes de 2020 à 2023.

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[Compte rendu] Rapport annuel 2024 sur l’état des lieux du sexisme en France – « Baromètre sexisme »

Famille, école et numérique : la fabrique du sexisme.  

Le 22 janvier dernier sortait le sixième rapport annuel sur l’état des lieux du sexisme en France mené par le Haut Conseil à l’Égalité (HCE). En dépit du fait que les actions favorisant une plus grande égalité entre les femmes et les hommes se multiplient en France depuis quelques années, les chiffres que ce nouveau rapport met en exergue demeurent alarmants quant à l’omniprésence du sexisme dans la société française

La première partie du rapport révèle une contradiction importante : si 92% de la population considère que les hommes et les femmes ne sont pas traité·es de la même manière en France, paradoxalement, le sexisme tend à s’enraciner

  • Les stéréotypes de genre progressent, 70% des hommes estiment qu’un homme doit prendre soin financièrement de sa famille pour être respecté dans la société
  • Les femmes renoncent toujours plus à leurs libertés, 43% estiment qu’elles ont déjà censuré leurs propos par crainte de la réaction des hommes, cela représente une augmentation de 3 points par rapport à 2023 
  • Les idées masculinistes gagnent du terrain surtout chez les jeunes hommes, 39% des hommes entre 15 et 24 ans considèrent qu’il est difficile d’être un homme dans la société actuelle, pourcentage en augmentation de 14 points par rapport à 2023. 

Parallèlement, les violences sexistes et sexuelles persistent voire s’amplifient : 86% des femmes déclarent avoir vécu au moins une situation sexiste au cours de leur vie (6 points de plus qu’en 2023). 

La seconde partie du rapport tente d’identifier les causes de la persistance et de l’enracinement du sexisme en France. Le HCE parle de trois “incubateurs” : la famille, l’école et le numérique

  • En effet, 70% des femmes considèrent que les femmes et les hommes ne sont pas traité·es de la même manière dans leur famille et seulement 21% des Français·es estiment qu’ils et elles ont été éduqué·es de la même manière indépendamment de leur genre. À titre d’exemple, l’injonction à la maternité des femmes commence dès leur plus jeune âge : 62% des femmes déclarent avoir reçu des poupées contre seulement 3% des hommes. 
  • À l’école, le sexisme s’enracine : une personne sur deux estime que les femmes et les hommes ne connaissent pas le même traitement au sein du système scolaire. Le partage de l’espace constitue un exemple frappant : les terrains de football dans les cours d’école représentent 70% du total de l’espace collectif. Parallèlement, le sexisme se manifeste à travers les choix d’orientations professionnelles : 74% des femmes déclarent n’avoir jamais envisagé d’études supérieures ou de métiers dans le domaine technique ou scientifique contre 41% pour les hommes. 
  • Enfin, le numérique est identifié comme la sphère dans laquelle le sexisme s’amplifie encore davantage : 68% des contenus d’Instagram diffusent des stéréotypes de genre, seulement 57% des films passent le test Bechdel*, quant à la pornographie dont on estime que 90% des contenus présentent des actes non siumlés de violences physiques, sexuelles ou verbales envers les femmes, 64% des hommes de 25 à 34 ans déclarent avoir envie de reproduire les gestes sexuels issus de cette industrie et qu’il ne faut donc pas la diaboliser. 

Le rapport se conclut par une série de recommandations permettant de s’attaquer aux racines du sexisme. Le HCE demande le déploiement d’un véritable programme d’éducation à l’égalité, la régulation des contenus numériques ainsi que des sanctions réellement appliquées concernant non seulement le délit de sexisme mais aussi les violences sexistes et sexuelles, tout cela accompagné de mesures concrètes à appliquer dès maintenant afin de faire régresser le sexisme au sein de la société française.

*Le « test Bechdel-Wallace » est un outil visant à évaluer la représentation des femmes et à mettre en évidence la surreprésentation des protagonistes masculins dans les œuvres audiovisuelles. Pour en savoir plus rendez-vous sur https://bechdeltest.com/

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[PUBLICATION] Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture sur le territoire de Rouen Seine Normande 2028 | Édition 2023 – Données 2021

La seconde édition de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la cultures sur le territoire de la métropole rouennaise vient de paraître!

Dans le sillage de la première édition parue en 2022, l’association HF Normandie s’est attachée à étudier différents pans des inégalités entre les femmes et les hommes dans le secteur culturel :

  • la répartition femmes/hommes des artistes présent·es dans les programmations de la saison 2021/2022
  • la répartition femmes/hommes dans les équipes des établissements culturels et notamment le type de poste occupé par chacun·e
  • la répartition genrée des moyens de production et de diffusion alloués dans le spectacle vivant

Les données présentées ici sont relatives aux programmations spectacle vivant et musiques actuelles – avec près de 1200 évènements étudiés – ainsi qu’aux arts visuels avec une cinquantaine d’expositions temporaires analysées.

🡺 Des progrès à saluer dans le spectacle vivant et les musiques actuelles : sur 36 structures étudiées, 16 d’entre elles ont une programmation où la part des femmes atteint le seuil des 33%!
Ces efforts, bien qu’encourageants, restent insuffisants dans plusieurs domaines :

  • Aucune femme directrice artistique à l’Opéra ;
  • Plus présentes en danse et théâtre (plus de 40% à la direction artistiques), les femmes demeurent surreprésentées dans les spectacles jeune public ;
  • Moins de 30% des auteur·ices sont des femmes avec de grandes disparités selon les disciplines ;
  • Sur scène, les femmes représentent moins d’1/4 des artistes lead (musiques actuelles) et sont globalement minoritaires sauf dans le cas où la direction artistique du projet est assurée par une femme.

🡺 Dans les arts visuels, les chiffres sont encourageants avec 42,4% de femmes exposées, en augmentation de 7,4 points depuis 2019. La part des femmes est identique dans les expositions monographiques, mais diminue lorsque la durée de l’exposition augmente.

🡺 Concernant l’emploi permanent dans les structures étudiées (spectacle vivant & musiques actuelles et arts visuels) :

  • Les femmes sont moins nombreuses à la direction d’établissement dans le spectacle vivant, et lorsqu’elles le sont, dirigent des structures moins bien dotées ou de moins grande ampleur. De la même manière dans les arts visuels, les postes hiérarchiquement plus élevés et valorisés sont occupés par des hommes ;
  • La répartition par pôle de métiers confirme les stéréotypes avec une part majoritaire de femmes dans les fonctions associées au lien social comme : la communication, les relations publics et la billetterie. Alors que les fonctions de direction technique sont assurées uniquement par des hommes dans le spectacle vivant et les musiques actuelles.

🡺 Le nouvel indicateur de cette édition 2023 questionne de manière plus pointue la place des femmes artistes et la manière dont leur travail est considéré/valorisé par les institutions en présentant le principe d’éga-conditionnalité.

  • Définition : principe qui consiste à conditionner l’attribution des financements publics ou des autorisations administratives au respect des valeurs et pratiques égalitaires entre les femmes et les hommes ;
  • Grâce à la collaboration de l’agence ODIA Normandie, de la Scène Nationale le Tangram et du Centre Dramatique National de Normandie Rouen, l’étude dessine les contours des inégalités financières et de subventions auxquelles font face les artistes femmes. Les aides sont en moyenne moins nombreuses et moins conséquentes à destination des équipes artistiques féminines. Les femmes ont par ailleurs tendance à déposer moins de dossiers de demandes d’aides que leurs homologues masculins.
    Afin de résorber ces écarts, les questions de répartition et de légitimité sont à travailler.
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Bilan du rapport CINÉGALITÉS, du collectif 50/50

Le collectif 50/50 est une organisation qui lutte pour la parité entre les hommes et les femmes dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel en France. Leur rapport « Cinégalités » publié en 2021 vise à dresser un état des lieux de la représentation et de la participation des femmes dans l’industrie du cinéma en France. Il analyse ainsi les chiffres de la parité et de la diversité dans différents domaines du cinéma, tels que les réalisateurs, les scénaristes, les producteurs et les acteurs, ainsi que la représentation des femmes dans les films eux-mêmes.

Le rapport conclut sur différents points.

D’abord, en montrant que les femmes sont sous-représentées dans l’ensemble de l’industrie cinématographique française, notamment dans les postes de décision et de création. Seulement 24% des films produits en France entre 2000 et 2018 ont été réalisés par des femmes, et les femmes représentent seulement 29% des scénaristes et 25% des producteur.ices de films. 

Le rapport souligne également la persistance des stéréotypes sexistes dans les films, en particulier dans la représentation des personnages féminins. Les femmes sont souvent représentées de manière stéréotypée, avec des rôles limités et des caractéristiques superficielles, tandis que les personnages masculins ont tendance à être plus complexes et multidimensionnels. Le rapport insiste, soulignant également que les stéréotypes de genre et les représentations négatives des femmes dans les médias sont encore très présents, ce qui renforce les inégalités entre les sexes et les discriminations. Les femmes sont souvent reléguées à des rôles secondaires, stéréotypés ou sexualisés, tandis que les rôles principaux sont souvent réservés aux hommes.

On voit aussi que les femmes restent largement sous-représentées dans l’industrie du cinéma en France, notamment dans les postes de réalisation et de production. Les chiffres présentés dans le rapport montrent que les femmes représentent seulement 28% des réalisateur.ices et 40% des producteur.ices en France, et qu’elles sont également moins bien rémunérées que les hommes pour les mêmes postes.

De plus, le rapport du collectif souligne également l’importance de la représentation des femmes dans les films et les séries, en particulier en ce qui concerne la diversité des rôles proposés aux actrices. Les stéréotypes de genre et les représentations négatives des femmes dans les médias sont encore très présents, ce qui renforce les inégalités entre les sexes et les discriminations.

Le rapport appelle finalement à une plus grande parité et diversité dans l’ensemble de l’industrie cinématographique, ainsi qu’à une sensibilisation accrue aux stéréotypes de genre et à la représentation des femmes dans les films. Le collectif 50/50 propose également des recommandations pour encourager une plus grande parité et diversité dans l’industrie cinématographique, telles que l’adoption de quotas de genre pour les postes de décision et de création, la sensibilisation aux biais inconscients et la mise en place de programmes de mentorat pour les femmes dans l’industrie.

Cependant, au-delà d’un constat bien faible quant à la parité dans le monde du cinéma et de l’audiovisuel, on note une prise de conscience grandissante dans le milieu. Le rapport illustre l’industrie du cinéma en France comme se saisissant du problème, avec une mobilisation croissante de la part des acteurs et actrices du milieu pour encourager la diversité et l’inclusion. Il cite notamment des initiatives comme le collectif 50/50 lui-même, qui encourage la parité entre les sexes dans l’industrie, ainsi que la mise en place de quotas par certains festivals pour encourager une plus grande représentation des femmes dans les films sélectionnés.

Par le biais de ce rapport, le collectif démontre que la parité entre les hommes et les femmes dans l’industrie du cinéma en France est encore loin d’être atteinte et souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour encourager une plus grande représentation des femmes à tous les niveaux de l’industrie, ainsi que dans les rôles proposés.

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Retour sur le festival de Cannes 2023

Le 76e Festival de Cannes s’est déroulé du 16 au 27 mai dernier. Avec Catherine Deneuve en tête d’affiche, c’est sur la musique officielle de Camille Saint-Saëns que s’est ouvert l’édition 2023 du Festival de Cannes. Au programme, 69 projections étendues sur toute la durée de l’événement, en commençant par “Jeanne du Barry” avec Maïwenn à la réalisation et Johnny Depp à l’action, de quoi faire polémique. Le Festival s’est terminé le 27 mai, décernant des récompenses aux artistes séléctionné.es par un jury composé à 44% de femmes pour les longs-métrages, 80% de femmes pour les courts-métrages et 60% pour Un Certain Regard.

Dans la catégorie “Long-Métrage”, seules 7 réalisatrices ont été sélectionnées contre 14 réalisateurs. Quant au palmarès, 86% des longs métrages récompensés ont été réalisés par des hommes tandis que 14% sont réalisés par des femmes. Néanmoins, la Palme d’Or de ce festival revient cette année à une réalisatrice, Justine Triet, succédant à Julia Ducournau, et décrochant ainsi la troisième palme d’or féminine de l’histoire. Malgré tout, toutes les autres récompenses de longs-métrages sont cette année décrochées par des réalisateurs.

Dans la catégorie “Court-Métrage”, 2 films à la réalisation mixte sont sélectionnés, tandis que 3 réalisatrices ont été sélectionnées contre 4 réalisateurs. Ici, 100% des récompenses féminines avec une palme d’or du court métrage pour Flora Anna Buda et une mention spéciale court-métrage pour Gunnur Martins Dottir Schlüter.

Enfin, dans la catégorie “Un Certain Regard”, 6 réalisatrices ont été sélectionnées face à 11 réalisateurs et 1 duo mixte. A nouveau, 100% de récompense décernée aux femmes avec Molly Manning Walker gagnante du prix.

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[Compte-rendu] Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication 2023

Le 8 mars 2023, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, le Ministère de la Culture publiait la 11ème édition de son Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication

Cet observatoire, basé sur plus d’une centaine d’indicateurs, permet d’analyser des phénomènes aussi divers que le fonctionnement interne et la composition des équipes, la rémunération des employé.es, les programmations, les aides accordées, ou encore la visibilité des artistes. Le principal constat de cette édition, c’est que malgré de légers progrès, de fortes inégalités persistent dans certaines disciplines

Bien que les femmes soient majoritaires sur les bancs des écoles de l’enseignement supérieur Culture, seules 4 personnes sur 10 en emploi dans le secteur culturel sont des femmes. Même si la part des femmes dans certaines disciplines a progressé depuis plusieurs années (38% de femmes parmi les architectes en 2019 contre 32% en 2009), la parité peine à être atteinte. Les femmes représentent 44% des membres de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SCAM), et seulement 19% des membres de la Société des auteurs compositeurs et éditeurs de musiques (SACEM). Dans d’autres secteurs, les femmes sont sur-représentées : c’est le cas des professions de la documentation et de la conservation (74%). 

En ce qui concerne les salaires dans les secteurs culturels, on observe notamment dans le corps administratif une relative égalité de rémunération. En revanche, de fortes disparités existent dans d’autres corps : on observe un écart de 15% en équivalent temps plein au sein des métiers du spectacle et de l’audiovisuel. L’écart le plus marqué est de 21% et concerne le secteur de l’édition photographique. 

Pour ce qui est de l’encadrement de l’administration centrale du Ministère et de ses opérateur.ices, la part des femmes est importante, notamment aux postes de direction du Ministère (53%). Cependant, dans les structures de Création artistiques, les femmes restent minoritaires à assurer des postes à hautes responsabilités : en moyenne, en 2023, seules 35% des structures labellisées par le programme 131 sont dirigées par des femmes. Les commissions, conseils, instances consultatives et jurys sont de plus en plus paritaires : 49% dans les instances du Centre national de la musique (CNM). 

Les œuvres de femmes restent en revanche moins visibles au sein des représentations artistiques : par exemple, sur 2060 représentations d’opéra, seules une sur quatre sont mises en scène par des femmes. Elles sont également moins nombreuses que les hommes à recevoir des aides financières : sur l’ensemble des disciplines du spectacle vivant, seulement 36% des équipes recevant des aides sont dirigées par des femmes et elles ne touchent que 27% du montant total de ces aides

Enfin, concernant la consécration artistique, les femmes représentent un part minime des artistes primé.es. Depuis 2010, aucune réalisatrice n’a reçu de César. Entre 1970 et 2019, aucun film réalisé par une femme n’a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes (pour la deuxième fois seulement en 2021, un film réalisé par une femme a été primé). Aux Victoires de la Musique, seules 10% des artistes primé.es sont des femmes. Le secteur du livre est plus favorable aux femmes sur ce point : entre 2020 et 2022, sur 9 grands prix littéraires, 44% de femmes ont été récompensées.

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[Compte rendu] Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France – « Baromètre sexisme »

Ce lundi 23 janvier dernier sortait le cinquième Rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France, mené par le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) auprès d’un échantillon représentatif de 2 500 personnes âgées de 15 ans et plus. 

Le sexisme vit de beaux jours en France. En effet, malgré les nombreuses mesures prises ces dernières années pour favoriser l’égalité femmes-hommes dans la société, le sexisme ne recule pas, voire s’aggrave à certains égards

La première partie du rapport est consacrée au vécu du sexisme en France dans les différentes sphères de la société. La sphère professionnelle est perçue comme particulièrement sexiste : les femmes sont surreprésentées au sein des métiers précaires (particulièrement le secteur du care). Dans les médias, les femmes sont encore sous-représentées. Quant au cadre éducatif et aux réseaux sociaux, la perception des inégalités femmes-hommes est en très nette hausse par rapport à l’an dernier. 

En comparaison avec le rapport de l’an passé, les femmes sont toujours aussi nombreuses à déclarer avoir personnellement subi des situations sexistes (80%) dans des sphères aussi diverses que la rue, les transports, le foyer ou encore le monde du travail. Le baromètre décrit “une situation alarmante” concernant les discriminations, harcèlements et violences subis par les femmes : 37% des Françaises déclarent avoir déjà subi une situation de non-consentement. Toutes ces statistiques sont corroborées par des études officielles qui démontrent toutes unanimement une nette augmentation des victimes de violences sexistes et sexuelles en 2022

En réponse à un sexisme omniprésent dans toutes les sphères de la société, 9 femmes sur 10 affirment adopter des conduites d’évitement pour ne pas en subir les effets (ces conduites vont du renoncement à sortir seule à l’adaptation de sa tenue vestimentaire). Ces attitudes de renoncement ont des répercussions concrètes sur le comportement et la vie quotidienne des femmes, entre autres la perte de confiance en soi. 

La deuxième partie du rapport s’attèle à démontrer que l’adhésion aux stéréotypes sexistes est encore forte en France. En dépit d’une conscience partagée de l’inégalité entre les femmes et les hommes au sein de la société, les situations de sexisme ordinaire n’en sont pas moins acceptées par l’ensemble de la population. 

Si les femmes persistent à intégrer certains stéréotypes de genre, ce sont surtout les hommes qui en sont imprégnés. Ainsi, les hommes interrogés sont beaucoup moins nombreux que les femmes à reconnaître les inégalités de traitement inhérentes à certains secteurs (médias, monde professionnel, espace public, …). Outre cela, le baromètre met en exergue l’émergence d’une pensée masculiniste chez les hommes de moins de 35 ans : 20% des 25-34 ans considèrent qu’il faut “vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis” pour être respecté en tant qu’homme, et 23% qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter. 

Enfin, les hommes, même s’ils reconnaissent en partie l’inégalité entre les femmes et les hommes, peinent à se sentir concernés par la question : 4 hommes sur 10 considèrent qu’on “s’acharne sur les hommes”

La dernière partie du rapport est consacrée aux moyens mis en œuvre pour endiguer le sexisme et protéger les femmes, qui sont jugés insuffisants voire inopérants. En effet, les mobilisations féministes sous toutes leurs formes sont en nette croissance depuis MeToo. Pourtant, le débat public ne s’en trouve pas pour autant modifié : seules 29% des personnes interrogées estiment que l’on parle correctement du sexisme dans le débat public

Les statistiques du baromètre démontrent un manque de confiance criant à l’égard des institutions publiques et politiques. Seule 30% de la population interrogée fait confiance au gouvernement en matière d’égalité. Par ailleurs, 80% de cette même population estime que l’arsenal juridique est mal appliqué voire insuffisant. 

Une vague antiféministe post-MeToo, dénoncée par de nombreuses militantes, est visible dans les données recueillies par le baromètre : 33% des hommes interrogés estiment que le féminisme menace la place et le rôle  des hommes dans la société et 29% estiment que les hommes sont en train de perdre leur pouvoir. Cette poussée conservatrice est visible à l’échelle internationale à travers le recul des droits des femmes dans de nombreux pays (Etats-Unis, Ukraine, Afghanistan, Soudan, Iran, Pologne, Italie, …). 

Le baromètre propose une série de recommandations à la fois pour agir sur les mentalités et sur les effets du sexisme et pour rendre les services publics plus performants, plus à même de répondre aux problématiques actuelles.