La troisième édition de l’Observatoire de l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture en Normandie vient de paraître!
Dans le sillage des deux premières éditions parues en 2022 et 2023, l’association HF+ Normandie s’est attachée à étudier différents pans des inégalités entre les femmes et les hommes dans le secteur culturel :
- la répartition femmes/hommes des artistes présent·es dans les programmations de la saison 2022/2023
- la répartition femmes/hommes dans les équipes des établissements culturels et notamment le type de poste occupé par chacun·e
- la répartition genrée des moyens de production et de diffusion alloués dans le spectacle vivant
Cette année, l’étude comporte une enquête inédite sur l’accompagnement des musiciennes en Normandie, comprenant des données chiffrées et des entretiens sociologiques, et explorant des pistes de travail pour améliorer la place des femmes dans le secteur des musiques actuelles.
Les données présentées ici sont relatives aux programmations de 185 structures du secteur du spectacle vivant et musiques actuelles – avec plus de 1800 évènements étudiés – et des arts visuels avec près de 70 expositions temporaires analysées.
🡺 Des chiffres stables voir légèrement en baisse dans le spectacle vivant : seuls 31% de femmes à la direction artistique sur l’ensemble des programmations des structures étudiées (en baisse de 4 points par rapport à 2021).
Ces inégalités s’intensifient selon les disciplines artistiques :
- Aucune femme directrice artistique à l’Opéra ;
- Plus présentes en danse et lecture (respectivement plus de 40% et 50% à la direction artistiques), les femmes demeurent surreprésentées dans les spectacles jeune public ;
- Seuls 30% des auteur·ices sont des femmes avec de grandes disparités selon les disciplines ;
🡺 Dans les arts visuels, les chiffres sont également en forte baisse avec seulement 32% de femmes exposées, contre 42% en 2021. On observe cette baisse indépendamment du type d’exposition (monographique ou collective) mais elle s’accroît davantage lorsque l’exposition est de courte durée (moins 34 points sur les expositions de moins de 2 mois).
🡺 Concernant l’emploi permanent dans les structures étudiées (spectacle vivant & musiques actuelles et arts visuels) :
- Les femmes sont moins nombreuses à la direction d’établissement dans le spectacle vivant, et lorsqu’elles le sont, dirigent des structures moins bien dotées ou de moins grande ampleur. De la même manière dans les arts visuels, les postes hiérarchiquement plus élevés et valorisés sont occupés par des hommes ;
- La répartition par pôle de métiers confirme les stéréotypes avec une part majoritaire de femmes dans les fonctions associées au lien social comme : la communication, les relations avec les publics et la billetterie. Alors que les fonctions de direction technique sont assurées uniquement par des hommes dans le spectacle vivant et les musiques actuelles.
🡺 Focus sur l’éga-conditionnalité : permet de questionner plus finement l’égalité réelle dans le spectacle vivant et l’enjeu des moyens alloués aux projets artistiques selon le genre.
- Définition éga-conditionnalité : principe qui consiste à conditionner l’attribution des financements publics ou des autorisations administratives au respect des valeurs et pratiques égalitaires entre les femmes et les hommes ;
- Grâce à la collaboration de l’agence ODIA Normandie, de la Scène Nationale le Tangram et du Centre Dramatique National de Normandie Rouen, l’étude dessine les contours des inégalités financières auxquelles font face les artistes femmes. Les aides ou apports sont en moyenne moins nombreuses et moins conséquentes à destination des équipes artistiques féminines. Les femmes ont par ailleurs tendance à déposer moins de dossiers de demandes d’aides que leurs homologues masculins.
Afin de résorber ces écarts, les questions de répartition et de légitimité sont à travailler.
🡺 Focus sur l’accompagnement des femmes dans les musiques actuelles : permet d’interroger les ressentis et de comprendre les besoins des musiciennes.
Sur scène, les femmes représentent seulement 20% des artistes lead (en baisse depuis 2021) et sont globalement minoritaires.
Sur l’ensemble des lieux labellisés SMAC (Scènes de Musiques Actuelles) en Normandie, aucune ne dépasse le seuil des 33% de groupes avec lead féminin dans leurs programmations.
Elles ne représentent que 22% des artistes accompagné·es dans les dispositifs de l’agence NORMA en 2022. Leur présence en studio de répétition varie de 1% à 12%.
Beaucoup d’entre elles évoquent des environnements de travail sexistes, subissant commentaires graveleux et dévalorisation permanente. Elles sont 57% à avoir déjà été victimes ou témoins de violences sexistes et sexuelles (VSS).
Notre étude souligne 4 leviers pouvant résorber ces inégalités et améliorer la place des femmes dans ce secteur : l’adaptation des dispositifs d’accompagnement, la création d’un réseau d’artistes femmes, la construction d’une légitimité ainsi que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.